BEKELE KENENISA (1982- )
Athlète éthiopien né le 13 juin 1982 à Bekoji, spécialiste du fond. Enfant des hauts plateaux de l'Arsi, en pays oromo, Kenenisa Bekele serait sans doute devenu berger, comme son père, promis à la dure condition des hommes du Rift, s'il n'avait pas pu s'épanouir dans la course à pied. Sa vocation se déclare lorsqu'il voit à la télévision, en 1992, une fille de Bekoji, Derartu Tulu, devenir la première femme africaine noire championne olympique, en remportant le 10 000 mètres aux Jeux de Barcelone. À dix ans, le destin de Kenenisa Bekele est tracé.
Mais le chemin est long pour un gamin issu d'une des régions les plus pauvres du monde : il convient d'abord de se faire remarquer lors des courses organisées dans l'école de Bekoji ; puis les meilleurs de la région de l'Arsi vont participer chaque année à un cross à Asela ; enfin, les élus partent pour Addis-Abeba disputer les compétitions nationales. Kenenisa Bekele franchit tous ces obstacles.
C'est d'abord dans les épreuves de cross que Bekele se fait connaître au niveau planétaire : en 2001, il est champion du monde junior. En 2002, chez les seniors, il devient champion du monde de cross long et de cross court, performance qu'il réédite en 2003, en 2004, en 2005 et en 2006. En 2008, il est champion du monde de cross long pour la sixième fois, ce qui constitue un record.
Sur la piste, il obtient son premier grand succès le 24 août 2003 : ce jour-là, lors du 10 000 mètres des Championnats du monde d'athlétisme, les Éthiopiens enflamment le Stade de France à Saint-Denis : Kenenisa Bekele s'impose, devant son maître, Haile Gebreselasie, et un autre de ses compatriotes, Sileshi Sihine. Puis, le 31 août, il se classe troisième du 5 000 mètres, derrière le Kenyan Eliud Kipchoge et le Marocain Hicham El Guerrouj.
Le 31 mai 2004 à Hengelo (Pays-Bas), Kenenisa Bekele bat le record du monde du 5 000 mètres (12 min 37,35 s). Le 8 juin à Ostrava (République tchèque), il s'approprie le record du 10 000 mètres (26 min 20,32 s). En dix jours, il a dépossédé Haile Gebreselasie de ses deux records du monde. L'élève a définitivement dépassé le maître.
Lors des jeux Olympiques d'Athènes, le déroulement du 10 000 mètres, le 20 août 2004, est émouvant : selon la stratégie de course établie par les Éthiopiens, Bekele force l'allure au cinquième kilomètre ; en se retournant, il s'aperçoit que Gebreselasie ne peut pas suivre le train ; il réduit sa vitesse pour permettre à son modèle de revenir ; mais, à quelques tours de l'arrivée, Bekele est contraint de jouer sa carte personnelle. Il allonge sa foulée et s'en va conquérir le titre olympique, devant Sileshi Sihine, alors qu'Haile Gebreselasie est cinquième. À vingt-deux ans, Kenenisa Bekele s'inscrit déjà dans la lignée des maîtres éthiopiens du fond, Abebe Bikila, Mamo Wolde, Miruts Yifter et, bien sûr, Haile Grebreselasie. À Athènes, Kenenisa Bekele obtient une seconde médaille : le 28 août, il se classe deuxième du 5 000 mètres, derrière le Marocain Hicham El Guerrouj.
En 2005, lors des Championnats du monde d'Helsinki, Kenenisa Bekele remporte de nouveau le 10 000 mètres. Le 26 août, à Bruxelles, il améliore son record du monde du 10 000 mètres (26 min 17,53 s). En 2007, à l'occasion des Championnats du monde d’Ōsaka, Kenenisa Bekele s’adjuge un nouveau titre sur 10 000 mètres. Mais, pour la première fois, il a dû puiser dans ses réserves pour s'imposer : un moment distancé, il est néanmoins parvenu à remonter son compatriote Sileshi Sihine dans le dernier tour.
Puis, lors des jeux Olympiques de Pékin en 2008, il réalise un immense exploit. Il remporte d’abord, le 17 août, le 10 000 mètres (27 min 1,17 s), en employant sa stratégie habituelle, c'est-à-dire sprinter[...]
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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