KERMĀN
Ville de l'Iran méridional, Kermān (ou Kirmān) est le chef-lieu de la province homonyme qui s'étend sur 185 675 kilomètres carrés et comptait 2 650 000 habitants en 2006. Autrefois prospère, cette province éloignée est peu développée économiquement ; en effet, le charbon et le minerai de fer de la région sont transportés par voie ferrée au complexe sidérurgique d'Ispahan.
Cette province est l'ancienne Carmanie. La ville aurait été créée par Ardashīr (224-241), fondateur de la dynastie sassanide (mais Sirdjān, sur l'ancien axe routier plus au sud, était alors plus importante). En tout cas, c'est au détriment de Sirdjān (capitale du Kermān du viie au xe siècle) que se développe la ville de Kermān, appelée Bardasīr (contraction de Beh-Ardashīr) jusqu'à l'époque safavide. Le Kermān prospéra aux xie et xiie siècles sous le gouvernement d'une branche cadette des Saldjūqides. Dévasté par les Ghūz, au xiie siècle, puis par les hordes mongoles au xiiie siècle, il ne retrouve sa prospérité sous les Safavides que pour être à nouveau éprouvé au xviiie siècle par l'invasion afghāne, Nāder shāh et surtout Agha Moḥammad Khān Qādjār qui, pour punir les habitants de Kermān d'avoir soutenu Lotf ‘Alī Khān Zand, en fit aveugler 20 000 et en vendit autant comme esclaves (1794). Razziée par les Baloutches au xixe siècle, troublée par les luttes religieuses au début du xxe siècle, la ville ne s'est jamais relevée (515 110 hab. en 2006).
En dépit des saccages et des destructions naturelles, Kermān possède encore des monuments historiques (notamment des vestiges sassanides, la Masdjed-e Djomeh du xive siècle, restaurée sous les Safavides, et, à 42 kilomètres au sud-est, à Mahān, le fameux mausolée de shāh Ne'matollāh Vali embelli à l'époque safavide).
Le nord et l'est du Kermān sont très montagneux avec des sommets culminant à plus de 4 000 mètres. Zarand, au nord-est de Kermān, reliée par voie ferrée à Ispahan et à Téhéran, était prospère au xe siècle et supplanta pour un temps Bardasīr aux xiie et xiiie siècles. L'oasis de Chāhdād (à 70 kilomètres à l'est de Kermān par la montagne), autrefois sur la route caravanière du Khorāsān, est à l'orée du Dasht-e Lūt. La partie sud-est constitue un autre centre historique du Kermān, avec des cités autrefois prospères (Dārzin, Bam, Djiroft), situées à la frange du Sistān-Baloutchistan qui empiète sur la province. Malgré les efforts de développement (matériaux de construction, textile), une des ressources principales de la région reste, en dehors de l'agriculture, la fabrication des tapis.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean CALMARD : chargé de recherche au C.N.R.S., chargé de conférences à l'École pratique des hautes études (IVe section)
Classification
Média
Autres références
-
BÉLOUTCHISTAN ou BALOUTCHISTAN
- Écrit par Jean CALMARD
- 890 mots
- 1 média
Vaste région montagneuse semi-désertique, le Béloutchistan (ou Baloutchistan ou Bālutchestān) est partagé entre l'Iran et le Pākistān et comprend, au moins sur le plan ethno-linguistique, une partie de l'Afghānistān méridional. Il est formé de chaînes, parallèles à la côte du golfe d'Oman, qui...
-
IRAN - Géographie
- Écrit par Bernard HOURCADE
- 5 178 mots
- 5 médias
...Zagros composé de hauts plateaux, bassins et chaînes calcaires (Zardeh Kuh, 4 547 m) ; au sud et à l'est, les monts du Baloutchistan et de Kermān. Les piémonts situés au-delà de ces montagnes font également partie de l'œcoumène iranien, notamment les plaines pétrolières du Khouzistān, le... -
JIROFT, Iran
- Écrit par Jean-Paul DEMOULE
- 1 093 mots
L'« affaire » de Jiroft a commencé comme un roman policier. Au tout début des années 2000 apparut sur le marché de l'art une série d'objets précieux – des vases en chlorite richement décorés – dont le prix pouvait atteindre plusieurs centaines de milliers d'euros. La chlorite est une roche métamorphique...
-
KERMANSHAHAN
- Écrit par Jean CALMARD
- 400 mots