KHĀRAZM-SHĀH
Le titre de Khārazm-shāh, « souverain du Khārazm » (région du vaste delta par lequel l'Amou Darya se jette dans la mer d'Aral), a été porté dès avant la période islamique par les représentants de plusieurs dynasties, dont le pouvoir a pu s'étendre bien au-delà de la province ainsi désignée.
La gloire des Khārazm-shāh est liée à une ville, Gurgānj (appelée ensuite Urgench, aujourd'hui Kohna Urgench, « Vieille-Urgench »), qui devint leur capitale sous la deuxième dynastie de ce nom (995-1017), constituée de seulement deux souverains, Abū l-'Abbas Ma'mūn I et II. On doit au second l'un des plus beaux minarets d'Asie centrale (1011) ; il attira à sa cour les lettrés que l'effondrement de la dynastie samanide laissait sans protecteurs, à Bukhara, Nishāpur... Parmi eux, Ibn Sinā (Avicenne), des médecins, mathématiciens, philologues. Al-Tha'alibi y composa un célèbre Miroir des princes (Kitāb Adab al-mulūk al- Khārazm-shāh).
L'autre dynastie célèbre de Khārazm-shāh est issue de princes d'abord vassaux des Grands Saldjukides (de 1041 à 1097), puis indépendants (jusqu'en 1231). Sous Sultan Tekish (1172-1200), leur pouvoir s'étend jusqu'en Iran occidental et atteint son apogée territorial sous Alā' al-dīn Mahmud (1200-1220) qui marche même sur Bagdad. Gurgānj est l'une des toutes premières villes du monde islamique selon le géographe Yakut. En 1221, la prise de Gurgānj par les Mongols qui détournent pour cela le cours de l'Amou Darya entraîne la désagrégation de l'Empire et la fuite du dernier représentant de la dynastie, Jalāl al-dīn Mingburnu (1220-1231). La capitale, dont la fortune apparaît tellement liée à celle des dynasties de Khārazm-shāh, se relève cependant ; Ibn Battuta la visite en 1335 et décrit « la plus grande et la plus belle ville des Turcs » ; il est stupéfait par le nombre des habitants et l'animation du marché. C'est seulement après un nouveau pillage, par Āmir Temur (Tamerlan) cette fois (1375 et 1379), que Gurgānj reste définitivement ruinée, jusqu'à nos jours où elle constitue l'un des sites les plus désolés et les plus évocateurs de l'Asie centrale.
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Écrit par
- Pierre CHUVIN : professeur des Universités, université de Paris-X-Nanterre
Classification
Média
Autres références
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