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ABOVIAN KHATCHADOUR (1809-1848)

Né en 1809 à Kanaker, près d'Erevan (Arménie), dans une famille paysanne, Khatchadour Abovian a disparu en 1848, dans des circonstances jamais élucidées. Un seul livre, Les Plaies de l'Arménie, a fait de lui une figure dominante de la littérature arménienne.

Un réformateur « subversif »

Après quelques études au séminaire d'Etchmiadzine, puis à Tiflis, nous le retrouvons à Etchmiadzine où il est secrétaire du synode. C'est là qu'en 1829 sa rencontre avec Friedrich Parrott, professeur à l'université de Dorpat, décidera de son avenir. Le savant allemand était venu au Caucase pour tenter l'ascension du mont Ararat. Il avait besoin d'un guide et d'un interprète. On lui présenta Abovian, qui connaissait le russe. Son jeune compagnon fit une impression profonde sur le professeur Parrott, qui lui promit d'intervenir à Saint-Pétersbourg pour une bourse d'études à Dorpat.

L'année suivante, Abovian arrivait dans la petite cité universitaire, où il devait rester cinq ans. Sa nature ardente, sa soif d'apprendre, sa curiosité sans bornes firent de lui l'enfant adoptif du cercle des professeurs et de leurs familles. Il apprit les langues et les sciences, mais surtout s'initia aux méthodes d'enseignement. Un monde nouveau s'ouvrait devant lui.

À l'époque, la province d'Erevan venait juste d'être libérée de la domination persane par la conquête russe. Cette partie de l'Arménie, comme d'ailleurs la partie ottomane, avait longtemps vécu coupée du monde extérieur. Dans les écoles créées autour des églises et dans les couvents, l'instruction consistait en quelques rudiments : récits bibliques, pratiques religieuses, notions d'histoire et de langue classique.

Abovian voulait réformer l'école ; il voulait promouvoir un renouveau culturel dans son peuple qui possédait un patrimoine littéraire vénérable. Il était convaincu que, pour accomplir le rôle qu'il voulait assumer, le meilleur moyen était pour lui d'embrasser la carrière ecclésiastique. Cependant, il revenait dans son pays plein d'appréhension, connaissant la mentalité qui y régnait. Ses craintes étaient justifiées. Non seulement sa requête d'entrer en religion fut repoussée, mais encore aucun poste ne lui fut confié dans les écoles arméniennes. Ses idées novatrices faisaient peur. Il était considéré comme un élément subversif, un « luthérien ».

Après avoir longtemps hésité, il dut accepter le poste de directeur du gymnase provincial de Tiflis, puis celui de l'école gouvernementale d'Erevan, tous deux établissements officiels russes. Sorti de chez lui un matin du printemps 1848, on ne le revit plus jamais.

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