KHAZARS
Peuple apparenté aux Turcs, qui établit un empire entre la mer Noire et la mer Caspienne du viie au xe siècle, les Khazars nous sont connus par des sources arabes, hébraïques et chinoises principalement. Ils s'opposèrent à plusieurs reprises à l'Empire byzantin et aux Arabes. Ils eurent, selon le géographe arabe al-Istakhrī, un régime de double royauté, avec un khāqān et un roi. Leurs relations avec Byzance, meilleures au viiie siècle, déterminèrent un mariage entre Constantin V et une princesse khazare, dont le fils fut l'empereur Léon IV le Khazar (de 775 à 780). Ayant connu une extension variable, l'empire khazar s'étendit sur les peuples de la région du Caucase, de la Crimée et de la Volga ; Kiev en fit partie au ixe siècle. Il succomba aux assauts des Russes qui conquirent sa capitale, Semander, en 965. Son histoire en tant que nation était terminée.
La grande aventure des Khazars fut la conversion de la dynastie régnante et de la caste noble au judaïsme vers 740. Due peut-être à des marchands juifs venus de Byzance ou à un effort réel de prosélytisme juif, cette conversion est parfois comprise comme une volonté des Khazars d'échapper tant à l'influence islamique qu'à l'influence chrétienne de leurs puissants voisins byzantins et arabes. La judaïsation des Khazars, en dépit de progrès certains, ne s'étendit qu'à une portion de la population, chrétiens, musulmans et même païens conservant leurs institutions et tribunaux reconnus et représentés. Au xe siècle s'établirent des relations épistolaires entre Ḥasdaï ibn Shaprut, ministre juif du calife de Cordoue Abd-er-Raḥman III, et Joseph, roi des Khazars. Par ailleurs, l'histoire de la conversion des Khazars inspira l'œuvre du grand théologien juif d'Espagne Juda Halévy, qui intitula son traité doctrinal du judaïsme Sefer ha-Kuzari, le Livre du Khazar (un dialogue entre un roi khazar et un sage juif). La correspondance entre Ibn Shaprut et Joseph a été publiée par Isaac Aqriš dans son livre Kol mevasser (Constantinople, 1577) et son authenticité, longtemps mise en doute, est aujourd'hui généralement admise (manuscrit à Oxford, Christ Church Library 193).
Le problème du devenir des habitants de la Khazarie et de leurs descendants après la chute du royaume a donné lieu à la théorie (bien fragile) selon laquelle les juifs de l'Europe de l'Est en seraient issus, en dépit de leur adoption du haut-allemand comme langue vernaculaire. Sur cette théorie et sur les Khazars, on consultera avec profit l'ouvrage de A. N. Poliak, Khazarie : histoire d'un royaume juif en Europe (en hébreu), Tel-Aviv, 1951 ; le travail classique de D. M. Dunlop, The History of the Jewish Khazars, Princeton, 1954 ; et (avec prudence) l'essai d'Arthur Koestler, La Treizième Tribu, l'Empire khazar et son héritage, trad. G. Pradier, Calmann-Lévy, Paris, 1976.
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Écrit par
- Gérard NAHON : directeur d'études émérite à l'École pratique des hautes études (Ve section, sciences religieuses)
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Média
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