KHORSABAD
La ville est située à peu de distance du Tigre, à une vingtaine de kilomètres de Ninive, dans le nord de l'Irak. Khorsabad est le nom moderne de Dur Sharrukin, une capitale du Nouvel Empire assyrien construite de toutes pièces par Sargon II à la fin du ~ viiie siècle (à partir de ~ 713) et abandonnée dès la mort de ce dernier, en ~ 705.
Le site fut d'abord fouillé par des Français (P. E. Botta, 1843-1844, et V. Place, 1851-1855), puis par des équipes américaines, à partir de 1928 (G. Loud — voir Khorsabad, I-II, Chicago, 1936-1938 — pour le compte de l'Oriental Institute of Chicago).
La ville se composait de deux parties principales, chacune située à un niveau différent et entourée d'une enceinte particulière. La ville proprement dite était close par un mur en brique sur fondations de pierre, dessinant un carré approximatif de 300 hectares. Les portes, au nombre de sept, étaient décorées de monstres gardiens. Une deuxième ligne de fortifications, au nord-ouest, encerclait une citadelle plus élevée : un premier niveau comprenait diverses résidences décorées de peintures, et des édifices religieux comme le temple de Nabu, construit sur une plate-forme à part. De là, une rampe permettait d'accéder au secteur du palais, plus élevé, construit sur une terrasse autonome, à cheval sur l'enceinte de la ville. Ce palais comptait plusieurs groupes de salles réparties autour de cours et correspondant à des fonctions diverses. Une première cour, carrée, desservie par la rampe, donnait accès aux services : cuisines, entrepôts, ateliers, etc. Un deuxième ensemble se composait d'une grande cour rectangulaire somptueusement décorée d'orthostates sculptés, d'une autre cour plus petite, carrée, qui donnait sur les appartements privés du roi et de ses proches, et enfin de deux grandes salles intermédiaires, allongées, dont la principale, la salle du trône, ouvrait sur la cour publique contiguë par des portes monumentales que protégeaient des taureaux androcéphales. Cette disposition est tout à fait typique de la Mésopotamie. Le troisième ensemble, parfois interprété comme un harem, comprenait trois cours commandant une série de sanctuaires et était dominé par une ziggourat d'une conception originale : elle est, en effet, composée non d'une superposition d'étages mais d'une rampe continue peu inclinée, à redans.
Au sud-ouest de la ville, un édifice, à cheval lui aussi sur le rempart et longtemps considéré comme un second palais, était sans doute l'arsenal royal.
Les peintures et, surtout, les sculptures (dont le Louvre possède de nombreux exemples) présentaient le même luxe que l'architecture. Les portes de la ville et du palais étaient gardées par des génies, tels les célèbres taureaux androcéphales, hauts de 4,20 m et dotés de cinq pattes de façon à être vus aussi bien de face que de profil. D'autres génies aspergeaient le visiteur d'eau lustrale. D'autres encore étouffaient un lion. Mais c'est surtout le roi qui est exalté au fil des murs, sur des orthostates d'albâtre sculptés : tantôt hiératique, dans des scènes de culte, tantôt en action quand il chasse ou guerroie. Dans ce dernier cas, une nouveauté est à noter : les scènes, souvent assez naturalistes, sont situées devant un paysage qui suggère une certaine profondeur, bien qu'aucun élément de perspective ne soit utilisé. Cet art annonce déjà l'art plus raffiné encore, de Sennachérib à Ninive.
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Écrit par
- Jean-Daniel FOREST : docteur en archéologie, chargé de recherche au C.N.R.S.
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