RAKOVSKI KHRISTIAN GUEORGUIEVITCH (1873-? 1941)
Bulgare de naissance, roumain de nationalité, français d'éducation, russe par ses sympathies et sa culture, Rakovski, qui s'illustra à la tête du gouvernement soviétique d'Ukraine et dans la diplomatie soviétique, était, dès avant 1914, l'une des personnalités connues du mouvement ouvrier international.
C'est en tant que militant révolutionnaire bulgare qu'il vient en Suisse, en 1890, où il devient l'enfant chéri du groupe marxiste russe Libération du travail, dirigé par Plekhanov. Dès 1893, il est délégué à tous les congrès socialistes internationaux et, à partir de 1900, il siège au Bureau socialiste international. Venu poursuivre ses études en France, il entre en contact avec les guesdistes, collabore à La Petite République et passe son doctorat en médecine à Montpellier. Après son service militaire en Roumanie, il veut militer en Russie, mais, expulsé, il doit revenir en France. Rentré en Roumanie en 1905, il y organise et dirige le mouvement ouvrier jusqu'à son expulsion en 1907, après la révolte des paysans. Il revient clandestinement à plusieurs reprises, mais n'est rétabli dans ses droits politiques qu'en 1912. Dans cette période des guerres balkaniques, il élabore la solution socialiste du problème national et lutte pour une fédération des républiques démocratiques des Balkans.
Il avait rencontré Trotski à Paris en 1903. Leur amitié se resserre lors du passage de ce dernier en Roumanie en 1913. Antimilitariste militant et convaincu, Rakovski participe au mouvement de Zimmerwald et est incarcéré lors de l'entrée en guerre de la Roumanie en 1916. Il n'est libéré qu'en mai 1918 par un régiment russe gagné à la révolution. Il se rend alors à Odessa puis à Petrograd et, proche de Martov, conserve ses vieilles réserves envers Lénine qu'il connaît depuis 1900. C'est sous l'influence de Trotski que Rakovski se rapproche des bolcheviks. Personnalité de stature internationale, auteur d'ouvrages théoriques ou historiques, il devient un personnage de premier plan dans le parti. Membre du comité central de 1918 à 1927, il est chargé d'arbitrer le conflit entre les communistes de gauche et les séparatistes en Ukraine où il est nommé, dès mars 1918, président du Conseil des commissaires du peuple, fonction qu'il assume une nouvelle fois après la reconquête de l'Ukraine par l'Armée rouge. En juin 1923, il quitte ses fonctions en Ukraine et est affecté dans la diplomatie, nommé ambassadeur à Londres, puis à Paris d'octobre 1925 à 1927.
Proche ami de Trotski, il est l'un des dirigeants de l'Opposition de gauche. Exclu du parti en 1927, il est exilé à Saratov puis en Asie centrale. Il est, parmi les dirigeants bolcheviques vivant en U.R.S.S., le dernier à capituler (1934). S'étant vu confier une mission de la Croix-Rouge au Japon, qui est en fait un piège, il est arrêté et figure au troisième grand procès de Moscou en 1938. Condamné à vingt-cinq ans de réclusion, il meurt en camp de concentration, probablement en 1941.
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Écrit par
- Claudie WEILL : chercheur à l'École pratique des hautes études
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- Écrit par René LEMARQUIS
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