ORY KID (1886-1973)

Tromboniste (mais aussi chanteur, saxophoniste, clarinettiste, cornettiste, contrebassiste et batteur) de jazz américain, Edward, dit Kid, Ory naît à Laplace (Louisiane) le 25 décembre 1886. Encore enfant, il fonde un orchestre avec des musiciens de son âge. Il appartient à la formation du légendaire cornettiste Buddy Bolden, premier « king » de l'histoire du jazz. Il dirige, en 1911, un groupe qui aura King Oliver puis Louis Armstrong pour trompettistes. De 1919 à 1924, il réside en Californie, où il grave son premier disque, rejoint l'année suivante Oliver à Chicago et participe aux enregistrements du célèbre Hot Five d'Armstrong. Kid Ory gagne ensuite New York, où il travaille dans les studios avant d'être contraint par la crise de 1929 à se consacrer à l'élevage de poulets. Une dizaine d'années plus tard, redécouvert par Orson Welles, il devient l'un des héros du New Orleans Revival, et une seconde carrière commence alors pour lui. Il apparaît dans un certain nombre de films (New Orleans, d'Arthur Lubin, 1947 ; The Benny Goodman Story, de Valentine Davies, 1956) et visite l'Europe à la tête de son orchestre.

Après plusieurs années de semi-retraite à Los Angeles, il s'établit à Honolulu, où il meurt le 23 janvier 1973, des suites d'une pneumonie.

Ory n'est certes pas un grand improvisateur, mais il tient admirablement sa partie dans les passages en polyphonie spontanée, caractéristiques du style louisianais. Il a contribué aussi à l'émancipation de son instrument en se faisant le champion du jeu « tailgate », fondé sur d'amples et puissants glissandos, que le tromboniste place dans les temps morts ménagés par les autres instruments mélodiques. En bref, avec une simplicité qui, sans doute, confine parfois au simplisme, il célèbre les vertus d'un jazz franc, généreux, dont l'exubérante naïveté n'est pas le moindre attrait.

— Alain GERBER