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KILIDJ-ARSLAN Ier (mort en 1107)

Lorsque son père Sulayman ibn Qoutloumouch, fondateur de l'État turc-seldjoukide d'Asie Mineure (ou de Roum), est vaincu et tué au cours de sa campagne en Syrie du Nord (1086), Kilidj-Arslan, alors tout jeune, est emmené en Iran où il vécut jusqu'à la mort du sultan Grand Seldjoukide Malik Chah (1092), cependant que l'État créé par Sulayman se disloquait. Libéré, Kilidj-Arslan rentre alors en Asie Mineure et réoccupe Nicée ; il prend le titre de sultan, mais son pouvoir est limité car en Asie Mineure d'autres tribus turcomanes, les Saltoukides, les Mengudjékides et surtout les Danichmendides (ceux-ci établis en Asie Mineure centre-orientale), ont acquis de solides positions ; en outre, certains petits dynastes arméniens ont repris leur indépendance. Après avoir guerroyé à l'ouest contre l'émir de Smyrne Tchaka (Tzakhas), Kilidj-Arslan attaque à l'est et entreprend de conquérir la ville de Mélitène (Malatya) tombée aux mains de l'Arménien Gabriel.

Tandis qu'il est occupé à assiéger cette ville, les premiers croisés arrivent en Asie Mineure et s'emparent de Nicée, remise aux Byzantins (juin 1097) ; vaincu à Dorylée (Eskichéhir) un mois plus tard, Kilidj-Arslan doit se replier sur le plateau anatolien : la progression turque vers l'ouest est alors stoppée pour deux siècles et les Byzantins réoccupent totalement les provinces égéennes. Après avoir perdu, momentanément, Iconium (Konya), Héraclée (Eregli) et Césarée de Cappadoce (Kayseri), Kilidj-Arslan s'allie à l'émir danichmendide, alliance qui interdit alors toute traversée de l'Asie Mineure aux nouvelles vagues de croisés (1101). Ayant récupéré les places perdues en Anatolie centrale, Kilidj-Arslan cherche à protéger son État à l'est et même à l'étendre au détriment de ses voisins, y compris le sultan seldjoukide d'Irak. Vaincu par celui-ci, il meurt peu après ; ainsi prend fin le rêve de l'expansion vers l'est (1107).

Désormais, les Seldjoukides viseront à fonder sur le plateau anatolien un État viable, fort, avec Konya pour centre, qui commandera l'Asie Mineure et pourra s'opposer aux Byzantins et aux Danichmendides : il y faudra près d'un siècle.

— Robert MANTRAN

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Écrit par

  • : membre de l'Institut, professeur émérite à l'université de Provence-Aix-Marseille-I

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