TE KANAWA KIRI (1944- )
Élégance et discernement
Le festival de Glyndebourne accueille en 1973 sa Comtesse des Noces de Figaro, dirigées par John Pritchard (une production qui est alors diffusée par la télévision, et disponible aujourd'hui en DVD). L'étranger la réclame : l'Opéra de Santa Fe, au Nouveau-Mexique (la Comtesse, 1971), l'Opéra de San Francisco (dans le même rôle, la même année), le Metropolitan Opera de New York (Desdemona, 1974), le festival de Salzbourg (la Comtesse, 1979), les Arènes de Vérone (Desdemona, 1982), le Lyric Opera de Chicago, la Staatsoper de Vienne, l'Opéra de Cologne, la Scala de Milan. En France, Kiri Te Kanawa débute en 1972, au Grand Théâtre de Bordeaux et à l'Opéra de Lyon, une fois encore en Comtesse des Noces. Dès 1975, elle est l'hôte de l'Opéra de Paris et devient la favorite des mélomanes, auxquels elle offre Fiordiligi, Donna Elvira, Pamina, Amelia Grimaldi, Mimì, Tosca, la Maréchale, Arabella.
Kiri Te Kanawa est désormais une célébrité de la scène lyrique mondiale. Sa carrière au disque est aussi importante qu'à la scène, et son incarnation de Donna Elvira dans le Don Giovanni que tourne Joseph Losey en 1979 renforce son succès international. Dans son pays et en Grande-Bretagne, elle est fêtée comme une souveraine. En Nouvelle-Zélande, elle s'est produite pour la reine Élisabeth II, le prince Philippe, le prince Charles et la princesse Anne dans un concert à Dunedin. En 1981, elle est choisie pour chanter au mariage du prince de Galles, Charles, et de Lady Diana Spencer : des centaines de millions de téléspectateurs dans le monde écoutent son Let the Bright Seraphim de Haendel. En 1994, pour ses cinquante ans, elle organise un concert exceptionnel au Royal Albert Hall de Londres.
Anoblie par la reine, qui la fait Dame Commander of the Order of the British Empire en 1982, membre honoris causa de plusieurs universités, couverte d'honneurs, Dame Kiri Te Kanawa poursuit brillamment ses activités avant de quitter une première fois la scène en 2004, à Los Angeles, après avoir interprété le rôle-titre de Vanessa de Samuel Barber. Elle continue néanmoins de donner des récitals, et on peut l'entendre au Théâtre des Champs-Élysées, à Paris, en duo avec sa vieille amie Frederica von Stade, en octobre 2006. En octobre 2007, elle donne son dernier concert aux États-Unis. Et, le 2 décembre 2007, elle chante pour la reine Élisabeth et le prince Philippe au cours du Royal Variety Performance. En 2010, elle réapparaît sur scène pour deux ultimes représentations, en interprétant à Cologne le rôle de la Maréchale dans LeChevalier à la rose. En 2003, elle a créé la Kiri Te Kanawa Foundation, destinée à aider les jeunes chanteurs néo-zélandais. Très discrète, n'aimant guère parler d'elle et préservant sa vie privée, Kiri Te Kanawa a toujours dit que sa vie commençait... après les représentations.
Qui a vu Kiri Te Kanawa entrer en scène n'a pu qu'être frappé par sa beauté : celle d'une femme d'une distinction naturelle, au port altier, au sourire chaleureux ; l'élégance incarnée, mais sans la moindre affectation. Une élégance qui est aussi l'une des caractéristiques de son chant. La voix, le disque est là pour en témoigner, était soigneusement conduite, longue, relativement large, parfaitement homogène sur toute son étendue, et le timbre capiteux, généreux, crémeux, immédiatement séduisant. L'impeccable musicalité qui était la sienne, et la noblesse de son expression convenaient idéalement aux héroïnes de Mozart et de Richard Strauss. Cette voix, Kiri Te Kanawa sut la préserver en se montrant extrêmement prudente dans ses choix ; connaissant ses limites, elle n'a chanté que des rôles avec lesquels elle se sentait des affinités profondes, et n'a jamais abordé aux rivages de la musique la plus contemporaine,[...]
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Écrit par
- Michel PAROUTY : journaliste
Classification
Média