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HAEDENS KLÉBER (1913-1976)

Né dans un milieu un peu étriqué et « bien-pensant » – son père était officier de la coloniale –, Kléber Haedens a souffert longtemps du conformisme familial. Il lui a réglé son compte dès son premier livre : L'École des parents paru en 1937. Dans ce roman, encore maladroit, on trouve la trame de ce qui sera son dernier livre, Adios (1973). Cette enfance l'aura donc bien marqué puisque, trente-sept ans plus tard, reprenant le même thème, il refait le portrait féroce d'un monde qu'il avait fui.

Après son baccalauréat, cet homme qui n'aimait que la littérature et le sport choisit... une école de commerce à Bordeaux ! Puis il monte à Paris et entre à la rédaction de Aux Écoutes où il est chargé du cinéma, du théâtre, de la littérature et du sport. Très vite, il publie, L'École des parents, couronné par le prix Cazes ; viennent ensuite, en 1938, Magnolia-Jules, puis un essai, Gérard de Nerval (1939) et, aux premiers coups de canon de la guerre, un roman : Une Jeune serpente (1940). L'heure n'était pas à la littérature mais à l'exode et, pour la presse, au regroupement à Lyon pour quatre longues années.

Kléber Haedens devient alors Henri Gérard et, sous ce pseudonyme, le critique de cinéma très influent de Présent, un magazine créé par Jean Mistler.

Sa culture et l'originalité de sa personnalité l'ont fait remarquer. Un jeune éditeur, René Julliard, conquis par l'originalité de ton du Paradoxe sur le roman (1941), commande à Kléber Haedens Une histoire de la littérature française (1943), merveilleux voyage littéraire dans le jardin secret d'un homme au talent aiguisé par le journalisme, à la concision sans appel et dont les jugements sont empreints d'originalité. La guerre, la résistance, les souffrances et les privations n'ont guère inspiré Kléber Haedens romancier et il faut attendre 1947 pour voir paraître son premier roman d'après guerre, Salut au Kentucky. Kléber Haedens poursuit à partir de 1952 sa carrière de critique littéraire. Il publie chaque semaine un feuilleton que ses lecteurs suivront passionnément à Paris-Presse, puis à Candide et au Journal du dimanche.

Cet énorme travail de critique n'empêchera nullement Kléber Haedens de construire sa propre œuvre romanesque. C'est ainsi que, parallèlement à ses articles, il publie Adieu à la rose (1955) ; un recueil de ses chroniques, L'Air du pays (1963) et L'été finit sous les tilleuls, un livre imprégné des charmes de la Charente et du Languedoc et pour lequel il recevra le prix Interallié. Enfin, ce sera Adios couronné par l'Académie française.

— Bruno TOTVANIAN

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