MUROBUSHI KŌ (1947-2015)
Le danseur et chorégraphe japonais Murobushi Kō était l’une des grandes personnalités du butō, cette danse contemporaine née au Japon à la fin des années 1950, et l’héritier artistique de Hijikata Tatsumi (1928-1986), fondateur de ce courant chorégraphique.
Aux racines du butō
Né à Tōkyō le 14 juin 1947, Murobushi Kō suit tout d’abord des études littéraires à l’université Waseda puis devient l’élève de Hijikata Tatsumi de 1968 à 1969, après avoir été séduit par un de ses spectacles. En 1969, il se retire dans la montagne auprès des yamabushi, communauté de moines bouddhistes solitaires et ascétiques. Cette rencontre est brève mais déterminante pour sa carrière. En effet, c’est en étudiant les relations que les yamabushi entretiennent avec les momies qu’il élabore son imagerie corporelle autour de la mort et du passage dans l’au-delà, des thèmes très présents dans ses créations. Ainsi se met en place sa vision d'un corps en transition permanente, transcendant les frontières et fusionnant des pôles opposés comme le masculin et le féminin, le mort et le vivant, le corps réel et le fantôme, les racines de la culture japonaise et la liberté de penser occidentale. Pour lui, le corps dansant devient un hermaphrodite parfait autant qu'une entité indéterminée entre l’homme et l'animal.
Murobushi Kō, qui a plutôt été chétif dans sa jeunesse, partage la conviction de Hijikata Tatsumi selon laquelle seul un corps non idéal représente un intérêt scénique et philosophique. Cette image du corps a par ailleurs le mérite d'interdire toute vanité chez l'interprète. Pour aider les danseurs à maîtriser leur ego, Murobushi Kō les envoie se produire dans des cabarets, dont le sien, ouvert au début des années 1980. En cela aussi, il suit l'exemple de Hijikata Tatsumi.
Après avoir créé en 1972, avec Maro Akaji, la troupe Dairakudakan, il règle des chorégraphies fondatrices du butō pour Ariadone, la compagnie d’Ikeda Carlotta (qui avait collaboré avec Dairakudakan) et composée uniquement de danseuses. Puis, en 1976, il fonde Sebi, une troupe exclusivement masculine. Mais, contrairement à d'autres grandes figures du butō, il n'hésite pas à faire danser ensemble hommes et femmes, que ce soit au sein de Dairakudakan ou encore dans une production commune d’Ariadone et Sebi intitulée Le Dernier Éden. Cette pièce, montée à Paris en 1978, fait connaître le butō en Europe et révèle Ikeda Carlotta, qui deviendra la figure emblématique féminine de cette danse contemporaine. Officiellement directeur artistique d’Ariadone de 1981 à 1984, il règle pour Ikeda Carlotta deux œuvres mythiques : Zarathoustra, en 1980, et le solo Uttl’année suivante.
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Écrit par
- Thomas HAHN : journaliste dans le domaine de la danse
Classification
Média
Autres références
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BUTŌ
- Écrit par Agnès IZRINE
- 3 838 mots
Murobushi Kō a travaillé avec Hijikata de 1968 à 1970 avant d'entrer au Dairakuda-Kan en 1972. Il fonde ensuite deux groupes : le premier, Ariadone, constitué uniquement de danseuses, en 1974, dont il confie la direction à Ikeda Carlotta ; le second, Sebi, entièrement masculin, en 1976, qu'il dirige... -
IKEDA CARLOTTA (1941-2014)
- Écrit par Thomas HAHN
- 954 mots
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...les créations précédentes d'Ariadone sont signées par les fondateurs de Daidarudakan : Maro Akaji (Volcan féminin, 1975 ; Chiisako, 1987) et surtout Murobushi Kō (Le Dernier Éden, 1978 ; le fameux solo Utt, 1981, où Ikeda parcourt les différents âges de la vie d'une femme ; Hime, 1985, etc.)....