KŌBE
Chef-lieu du département de Hyōgo, la municipalité de Kōbe est peuplée de 1,53 million d'habitants (2015), ce qui en fait la deuxième ville de la région du Kansai, derrière Ōsaka mais devant Kyōto, avec lesquelles elle forme le Keihanshin, conurbation de près de 20 millions d'habitants. Signifiant mot pour mot la « porte sacrée » ou la « porte divine », Kōbe a été le principal port du Kansai depuis sa fondation, en 1889, et le plus grand port du Japon moderne, jusqu'au grand séisme de 1995 qui a partiellement détruit la ville, endommageant une très grande partie des infrastructures et tuant 6 437 personnes.
La croissance et le développement de Kōbe ont longtemps été liés à ceux de ses activités portuaires. D'abord constituée d'un cœur historique modeste correspondant à l'actuel Motomachi, dans l'arrondissement de Chūō (littéralement, l'arrondissement du « centre »), Kōbe absorbe en 1889 la vieille ville de Hyōgo, à l'ouest, actuellement située dans l'arrondissement éponyme. Ce n'est qu'à partir de ce moment que l'on parle véritablement de la ville de Kōbe, qui est donc administrativement de composition récente. Jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, quatre arrondissements côtiers ont été ajoutés (Nada, Nagata, Suma et Tarumi, d'est en ouest), traduisant le rôle structurant du littoral du Hanshin (portion densément peuplée et industrialisée entre Ōsaka et Kōbe) et la dynamique industrialo-portuaire de la ville. Plus tardivement ont été ajoutés un dernier arrondissement côtier, le plus à l'est (Higashinada), et surtout deux arrondissements situés au nord, à l'intérieur des terres : Kita et Nishi. De taille plus importante, ils traduisent non seulement la très forte poussée urbaine des années de la Haute Croissance japonaise (1955-1973) puis de la Bulle spéculative (1985-1991), mais aussi l'éloignement progressif du littoral en raison d'un site originel trop étriqué entre mer au sud et collines escarpées au nord. À ce titre, la gare Shinkansen de Shin-Kōbe, aménagée en 1972, se situe elle aussi plus au nord que l'axe historique littoral du Tōkaidō.
La tradition portuaire de Kōbe explique sa culture spécifique, ouverte sur l'international et sensible aux influences extérieures, comme l'illustrent le rayonnement d'une cuisine rendue célèbre par sa viande de bœuf, particulièrement raffinée, ou encore la créativité du secteur de la mode et de l'habillement. La ville possède l'un des quartiers chinois les plus importants du pays, avec ceux de Yokohama et Nagasaki : Nankin-machi. À proximité immédiate de Motomachi, il se trouve aux abords de l'ancien port, et en abritait les ouvriers et quelques marchands. Plus en retrait et plus en hauteur, dominant la ville sur les collines de Sannomiya, se trouvait le quartier des Occidentaux. En plus d'une symbolique sociale forte, cette localisation en altitude permettait d'éviter les nuisances (odeurs, bruits, trafics…) liées aux activités des docks.
Avec le glissement progressif du port vers le sud et son aménagement en eau profonde, le site historique a été gentrifié et patrimonialisé, et transformé en centre de consommation et de loisirs rebaptisé Harbor Land. Seules sont restées les activités liées au tourisme de croisière, le reste ayant été déplacé sur les terre-pleins de la baie aménagés parallèlement au littoral, initialement en tant que sites d'enfouissement des déchets urbains. Dans le sillage de cette dynamique récente des années 1990-2000, essentiellement post-séisme, le quartier chinois s'est lui aussi progressivement gentrifié, et est devenu l'une des principales attractions touristiques de la ville.
Bien qu'ayant perdu son rang dans la compétition portuaire est-asiatique, Kōbe est redevenu un port de[...]
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Écrit par
- Raphaël LANGUILLON-AUSSEL : docteur agrégé de géographie
Classification
Médias
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