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ANNAN KOFI (1938-2018)

Kofi Annan - crédits : Spencer Platt/ Getty Images News/ AFP

Kofi Annan

Septième secrétaire général de l'Organisation des Nations unies (ONU), de 1997 à 2006.

Kofi Annan est le premier secrétaire général à avoir été auparavant fonctionnaire de l'Organisation. Ghanéen, né en 1938 à Kumasi (alors dans la colonie britannique de la Côte-de-l’Or), il rejoint l'ONU en 1962. Ses affectations variées l'initient aux méandres et pièges de l'ONU. De 1994 à 1996, il occupe le poste le plus important après celui de secrétaire général : il a la charge des opérations de maintien de la paix. Kofi Annan a bien observé les erreurs de son prédécesseur, l'Égyptien Boutros Boutros-Ghali, et paraît en tirer trois leçons : être attentif à la remise en ordre de la maison ; ne pas se poser en égal du Conseil de sécurité ; ne pas heurter de front les États-Unis. Enfin, Kofi Annan dispose d'un dernier atout, qui ne peut être sous-estimé : une élégance discrète.

Le 1er janvier 1997, Kofi Annan hérite d'une ONU en désarroi, en plein reflux. Aucune des grandes opérations, lancées à grand fracas dans la première moitié des années 1990, n'a été un plein succès. En Somalie, l'affaire s'est terminée en 1995 par un repli discret et piteux. En ex-Yougoslavie, à la suite des accords de Dayton (décembre 1995) sur la Bosnie-Herzégovine, et devant l'insistance des États-Unis qui éprouvent une méfiance viscérale vis-à-vis de l'ONU, celle-ci doit laisser la place à l'Alliance atlantique. Par ailleurs, l'Organisation vit dans la hantise permanente de la faillite, nombre d'États du Tiers Monde et, surtout, les États-Unis, dont la contribution représente un quart du budget de l'ONU, accumulant des retards de paiement.

La démarche de Kofi Annan est guidée par deux priorités. La première vise à rétablir un lien de confiance – ou au moins de moindre méfiance – avec les États-Unis. Dans cette perspective, le secrétaire général soumet l'ONU aux contraintes de la gestion privée : suppression de couches bureaucratiques, mesure stricte des coûts, notamment des actions extérieures... De plus, il se montre attentif à ne pas prendre d'initiative qui froisse l'ombrageuse Amérique.

La deuxième priorité de Kofi Annan est plus ambitieuse : il s'agit, par touches discrètes, de restaurer l'image de l'ONU, de marquer qu'elle n'est pas seulement un instrument au service des grandes puissances mais qu'elle est porteuse d'un ordre mondial plus juste, garantissant la dignité des hommes. En 1999, au lendemain de la guerre menée par l'OTAN contre la Yougoslavie, c'est à l'ONU qu'est confiée l'administration du Kosovo, réaffirmant la mission centrale de l'Organisation mondiale dans la construction de la paix. En Afrique, le continent abandonné, et, plus précisément, face à l'atroce guerre civile de Sierra Leone, Kofi Annan essaie d'amener le Conseil de sécurité à être moins indifférent, plus responsable. Il se fait le porte-parole d'une transformation de la souveraineté de l'État : selon lui, celle-ci n'a pas pour objet de laisser l'État libre de faire ce qu'il veut chez lui, au nom de la sacro-sainte non-ingérence dans les affaires intérieures ; l'État est désormais comptable de sa souveraineté tant devant sa propre population que devant la communauté internationale.

Kofi Annan apparaît comme un Africain, un homme du Tiers Monde qui, avec doigté, a bousculé la rhétorique établie. En outre, il est parvenu à un règlement du très difficile dossier de la contribution budgétaire des États-Unis. Ce secrétaire général, dit de transition, se révèle être un de ces sages qui, sans trop de vacarme, rendent le monde moins dangereux, moins violent. C'est sans doute la raison pour laquelle il est réélu à l'unanimité par le Conseil de sécurité dès juin 2001,[...]

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Écrit par

  • : conseiller des Affaires étrangères, professeur à l'Institut d'études politiques de Paris, chargé de mission à l'Institut français des relations internationales

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Média

Kofi Annan - crédits : Spencer Platt/ Getty Images News/ AFP

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