MOSER KOLOMAN (1868-1918)
Si « l'artiste aux mille talents » (Hermann Bahr) fut apprécié tant par ses pairs que par ses commanditaires, sa renommée en tant que créateur fut éclipsée par celle de ses illustres compagnons : Klimt et Hoffmann. Le fait qu'il excellât dans tous les arts appliqués le priva d'être reconnu comme un artiste à part entière.
Dans tous les domaines qu'il aborda, Koloman Moser se comporta en questionneur des matières, des formes, des couleurs. Il visa moins à faire une œuvre singulière qu'à s'ouvrir à de nouveaux champs d'expérience.
Des années de formation à l'émergence du club des Sept
Attiré très tôt par le dessin, Koloman Moser suit quelque temps le souhait de ses parents de le voir se former pour le commerce, avant de passer outre, en entrant en 1885 à l'Akademie der Bildenden Künste (Académie de formation artistique). Sa formation, fort longue, ne s'achève qu'en 1895, ce qui le conduit à mener parallèlement une activité professionnelle. En 1894, il participe au Siebener Club, un groupe de discussion se réunissant au café Sperl, à Vienne, et qui compte parmi ses membres les futurs acteurs de la Sécession : Gustav Klimt, Josef Maria Olbrich et Josef Hoffmann... D'emblée, le groupe remet en cause l'enseignement académique.
Koloman Moser narre dans ses Mémoires sa rencontre avec la « manière » de Klimt, en l'occurrence avec le dessin préparatoire d'un tableau symbolisant la sculpture : « En haut, une bande traitée en frise représentait des bustes de la première Renaissance. De haut en bas, au centre de la feuille, un nu féminin et, immédiatement sous cette figure, une tête jaillissant de la feuille, si je me souviens bien une main tenant un attribut de la sculpture. Sur le restant de la feuille, à droite et à gauche de la figure centrale, absolument rien. »
Cet hommage rendu à la sculpture est pour Klimt et ses cadets un adieu au trompe-l'œil. Ils « passent » de l'image à trois dimensions héritée de la Renaissance à l'univers bidimensionnel de la fresque, qu'elle soit égyptienne ou byzantine.
Cette influence de Klimt sur ses compagnons n'est pas à sens unique. Le critique et historien d'art Werner Hofmann en témoigne : « La façon dont Moser insère la figure humaine dans des motifs abstraits en aplats semble anticiper un mode de composition que Klimt perfectionnera quelques années plus tard. »
Le peintre Eugen Felix, placé à la tête de la Künstlerhaus, entend remettre de l'ordre dans cette institution qui régente, depuis 1861, la vie artistique viennoise. Sa nomination est la suite logique d'une campagne qui s'oppose « au diktat menaçant et unilatéral des modernistes ». Les modernistes visés sont les peintres Klimt, Carl Moll et Adolf Böhm, auxquels se joignent Moser, Olbrich, Hoffmann et quelques autres pour faire Sécession, le 3 avril 1897.
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Écrit par
- Marc THIVOLET : écrivain
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