ADENAUER KONRAD (1876-1967)
Mai 1945 : l' Allemagne est détruite, physiquement et moralement. Ses villes sont en ruine. Les vainqueurs prennent en main la souveraineté du pays qu'ils veulent punir et transformer. Avril 1967 : le président Johnson, le général de Gaulle, M. Harold Wilson, Premier ministre de Grande-Bretagne, assistent aux funérailles solennelles de Konrad Adenauer. Mort à quatre-vingt-onze ans, celui-ci n'était plus chancelier depuis 1963 et ne présidait plus son parti depuis 1966, mais, jusqu'au dernier moment, il avait été présent à son banc de député, présent dans la vie politique allemande. Ce n'était pas une présence de patriarche fatigué : la combativité n'avait pas décliné, ni le goût de la ruse, ni la joie du bon mot. C'était pourtant à un symbole, autant qu'à un homme regretté, que les chefs d'État et de gouvernement étrangers venaient rendre hommage : le symbole d'une Allemagne reconstruite et honorable, fidèle à ses nouvelles alliances, une Allemagne aux institutions démocratiques et à l'esprit libéral, mais aussi une Allemagne limitée puisque la République fédérale n'était constituée que des trois anciennes zones d'occupation « occidentales », puisque le retour à la souveraineté et à l'honorabilité a correspondu à l'approfondissement, à la consolidation de la division.
Maire de Cologne
Né à Cologne, le 5 janvier 1876, troisième des quatre enfants d'un petit magistrat, Konrad Adenauer devient employé de banque après son baccalauréat, puis il fait son droit et entre au cabinet de l'avocat Kausen, qui se trouve être le président du groupe du Zentrum (le parti du Centre catholique) à l'assemblée municipale. Grâce à son patron, Konrad Adenauer devient adjoint au maire en 1906. Il est élu maire en 1917 et le restera jusqu'en 1933, après une difficile réélection en 1929. Les maires des grandes villes rhénanes, élus pour douze ans et disposant de vastes possibilités d'action, étaient des personnages considérables. De sa longue présence à l'hôtel de ville, il gardera le sens de l'organisation bien assise et un peu autoritaire, et le goût de la gestion assurée par un exécutif stable dominant les mesquineries de la vie quotidienne. Konrad Adenauer est toujours resté un Rhénan, non seulement par son accent et par sa vive antipathie pour le prussianisme, mais surtout par sa volonté, fondée en partie sur les dures expériences du premier après-guerre, de mettre fin aux affrontements entre pays voisins. Plus tard, le lien qui unira dans l'action européenne Robert Schuman, Alcide de Gasperi et le chancelier allemand sera moins la religion commune, mais l'origine commune : trois hommes des frontières (la Lorraine, le Trentin, la Rhénanie), passionnément désireux de supprimer les querelles nationales.
Il joue un rôle national dès les années vingt : il est président du Conseil d'État (la Chambre haute) de Prusse et membre du comité directeur du Zentrum. Dans l'une comme dans l'autre fonction, il essaie de faire obstacle à la montée du nazisme. Aussi est-il chassé de la mairie quelques semaines après l'arrivée de Hitler au pouvoir. La période 1933-1945 le voit vivre à l'écart. Il est inquiété à plusieurs reprises et interné deux fois, pour quelques jours après la « Nuit des longs couteaux » du 30 juin 1934, plus longuement après l'attentat contre Hitler du 20 juillet 1944, bien qu'il n'ait pas joué un rôle actif dans la conspiration. En mars 1945 (il a soixante-neuf ans), les autorités militaires américaines lui demandent de redevenir maire de Cologne. En octobre, le général britannique, commandant militaire et civil de la province, le démet de ses fonctions en prétextant son « incapacité administrative », l'expulse de Cologne et lui interdit toute activité politique. En novembre, l'interdit est levé et, dès lors, la carrière de Konrad Adenauer[...]
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Écrit par
- Alfred GROSSER : professeur émérite des Universités, Institut d'études politiques de Paris
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