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PAOUSTOVSKI KONSTANTIN GUEORGUIEVITCH (1892-1968)

Paoustovski (Paustovskij) appartient aux écrivains soviétiques qui bénéficièrent encore d'une solide formation classique et d'une vaste connaissance de la littérature occidentale, surtout française. Il ne découvrit que plus tard « la littérature russe, la plus grande du monde peut-être, qui s'emparait de nos cœurs [...]. Mais Mérimée, transparent et froid, nous était plus accessible que le torturé Dostoïevski. » Par sa formation, son ouverture d'esprit, la variété de ses connaissances et une bienveillance innée, Paoustovski est un humaniste de la lignée de Tourguéniev, Korolenko, Tchékhov.

Le romantique

Né à Moscou dans une famille de l'intelligentsia libérale où se mêlaient les sangs polonais et russe, le catholicisme, l'orthodoxie et l'athéisme tolérant, fils d'un statisticien du réseau ferroviaire qui entraînait les siens dans ses fréquents déplacements, le garçon prit le goût d'une vie vagabonde. Ses grands hommes étaient Gorki du temps de ses errances, et Dekker (Multatuli), défenseur des Javanais exploités. La vocation d'écrivain se confondait pour lui avec un amour actif de l'humanité. Jeune, il fit de nombreux métiers : marin, pêcheur, infirmier durant la guerre, enfin journaliste.

Après de médiocres débuts poétiques, Konstantin Guéorguiévitch Paoustovski subit l'influence d'A. Grine, qui s'évadait d'une vie de prisons et de misère en des romans fantastiques sur des pays imaginaires. Ses premiers livres : Romantiki (1916-1923), et Blistajuščie oblaka (1928, Les Nuages étincelants), qui, dans un pays affamé, en pleine guerre civile, affirmaient le « droit au rêve », furent mal accueillis. Ce sont des récits décousus. La physionomie de l'écrivain s'affirme dans Černoe more (1935, La Mer Noire), conçue « comme une encyclopédie artistique de cette mer. Chacune de ses rives contient des couches de matière scientifique, culturelle, historique et révolutionnaire. » La mer Noire restera pour lui le Pont Euxin, la Crimée la Tauride, la mer d'Azov le Palus Méotide. Quand il écrit sur l'Abkhasie, sa nouvelle s'intitule Kolkhida (Colchide).

Paoustovski se débarrasse avec peine des « roses de papier » de sa jeunesse. Sa passion de la nature n'est pas d'un amateur, il en étudie les ressources. Au Ier plan quinquennal, il répond par des nouvelles qui connaissent enfin un vaste retentissement : en 1932, Kara-Bogaz (évocation d'un golfe du rivage est de la Caspienne, qui, réputé maléfique, est riche en mirabilite aux propriétés thérapeutiques) et, en 1934, Kolkhida (récit de la lutte pour l'assèchement des fétides marais de Rion). Savants et ouvriers les transforment en plantations de thé et d'agrumes, anéantissant la malaria et créant des stations balnéaires. Mais il y faut de l'imagination : « Nous avons besoin de rêveurs. Il est temps de cesser de s'en moquer. Trop de gens ne savent pas rêver, c'est pourquoi ils ne se hausseront jamais au niveau de notre époque. »

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