KOSOVO ou KOSSOVO
Étendu sur 10 908 kilomètres carrés, le Kosovo appartient à la zone géographique des Balkans (du mot turc signifiant « montagne » ; ici, la chaîne de Stara Planina). Intégré aux empires locaux successifs jusqu’au xxe siècle, puis à la Fédération yougoslave jusqu’à son effondrement, c’est le dernier territoire de la région à avoir proclamé son indépendance, en février 2008. Cette émergence étatique est encadrée par la communauté internationale, soucieuse de consolider la paix dans un espace qui a vocation à intégrer l’Union européenne.
Géographie et peuplement
Le Kosovo est situé en Europe du Sud-Est et est composé des plaines du Kosovo, à l’est, et de Dukagjin (« Metohija », en serbe) à l’ouest. Sa capitale est Prishtinë/Priština, désignée en albanais et en serbe, dans un ordre déterminé par la composition de sa population, conformément au compromis adopté par les organisations internationales pour évacuer les polémiques toponymiques. Gjilan/Gnjilane, Mitrovicë/Mitrovica, Pejë/Peć et Prizren sont les autres grandes villes de ce pays dont 61 p. 100 de la population vit en zone rurale (recensement d’avril 2011). Pour l’Union européenne (UE), le Kosovo fait partie, au même titre que l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, la Macédoine (devenue Macédoine du Nord en 2019), le Monténégro et la Serbie, des Balkans occidentaux. Cette appellation a été créée en 1999, à la faveur du retour à la paix dans la région, pour désigner ces pays proches de l’UE qui pourraient bénéficier d’une nouvelle stratégie d’association. Réalités géographique et politique définissent ainsi le Kosovo au cœur d’une région intermédiaire, qui a été caractérisée par les modifications des frontières et la mobilité des populations.
Habité par les Illyriens, dont les Albanais se revendiquent, le Kosovo est occupé par les Grecs au viie siècle avant J.-C., puis par les Romains, du ier siècle avant J.-C. jusqu’à la domination slave du viie siècle. Au Moyen Âge, il est intégré aux différents empires locaux (bulgare, croate, serbe, bosniaque). C’est à cette époque que de nombreux monastères orthodoxes (Gračanica, Dečani), lesquels constituent aujourd’hui encore une pomme de discorde entre la Serbie et le Kosovo, sont construits. Au milieu du xve siècle, le territoire rejoint l’Empire ottoman, qui généralise une organisation administrative en millets (communautés religieuses), l’usage de la langue turque et le culte de l’islam, qui ouvre les portes à des droits et privilèges. Ainsi, au début du xxe siècle, les populations albanaises des Balkans comptent deux tiers de musulmans et un tiers de chrétiens (orthodoxes et catholiques). C’est aussi pendant la période ottomane que s’inverse la répartition ethno-territoriale dans la région. D’une part, la présence slave est réduite à la suite de la Grande Migration de 1690, pendant laquelle environ deux cent mille Serbes ont été conduits vers le sud de la Hongrie d’alors et qui a été suivie de deux autres migrations au xviiie siècle. D’autre part, l’Empire ottoman, en pleine expansion, exhorte les populations à s’installer dans les limites septentrionales afin de fortifier ses confins.
Déjà majoritaires dans la première moitié du xxe siècle, les Albanais représentent les deux tiers de la population du Kosovo après 1945 et les trois quarts lors du recensement de 1981. Cette forte croissance démographique limite l’impact des programmes de développement économique axés sur l’industrie lourde (centrales thermiques d’Obilić/Obiliq, combinat agro-industriel Agrokosovo, complexe sidérurgique de Trepča/Trepcë), entraînant le Kosovo dans un sous-développement économique chronique, aggravé par la crise des années 1980. L’agriculture au Kosovo reste notoirement familiale, autosuffisante et peu mécanisée.
Partie intégrante[...]
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Écrit par
- Odile PERROT : docteure en science politique, consul honoraire du Kosovo, expert du Réseau francophone de recherche sur les opérations de paix
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Médias
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