KOSOVO ou KOSSOVO
Le Kosovo au XXIe siècle
Le Kosovo entre dans le xxie siècle sous le signe de la paix et de la négociation. De février 2006 à mars 2007 se déroulent les pourparlers sur le statut, conduits par l’envoyé spécial des Nations unies, l’ancien président finlandais Martti Ahtisaari, qui débouchent sur une proposition globale de règlement préconisant une « indépendance sous supervision internationale ». Ce plan est approuvé par Prishtinë/Priština, mais rejeté par Belgrade, ce qui divise les membres du Conseil de sécurité, si bien que c’est avec le soutien d’une partie seulement de la communauté internationale que le Kosovo déclare son indépendance, le 17 février 2008.
L’indépendance supervisée implique la prévalence de l’autorité internationale, qui définit les priorités d’action du gouvernement et s’articule autour de plusieurs instances : la mission Eulex Kosovo, le Représentant spécial de l’UE, le Bureau de liaison de la Commission européenne, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et la Minuk. Un Bureau civil international, qui sera fermé à la fin de 2012, supervise la mise en œuvre du plan Ahtisaari. Ajoutons que la Kfor est toujours chargée de la sécurité du territoire, conformément à la résolution 1244. Ses effectifs ont été progressivement réduits (4 985 hommes au 1er juin 2013). En outre, le transfert de certaines de ces tâches aux forces locales lui permet de mieux se consacrer à la situation au nord.
Créée en février 2008, Eulex est la plus grande mission civile de la politique européenne de défense. Elle est composée de plus de 2 250 agents internationaux et locaux, principalement des policiers, des douaniers et des magistrats. Sa mission n’est pas de gouverner, mais d’accompagner les institutions du Kosovo dans la construction d’un État de droit. Après avoir été dirigée par deux généraux français, elle a aujourd’hui à sa tête un diplomate allemand. Depuis 2012, elle a entamé une réorientation majeure afin d’assumer une plus grande part de la supervision internationale dans la perspective de l’intégration du Kosovo à l’espace européen.
Le Représentant spécial de l’Union a pour mandat de « proposer les conseils et le soutien de l’UE dans le processus politique, de favoriser la coordination politique générale de l’UE au Kosovo, de fournir au chef de la mission Eulex Kosovo des orientations politiques au niveau local et de contribuer au renforcement et à la consolidation du respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales au Kosovo ». Depuis février 2012, il dirige également le Bureau de liaison de la Commission. L’UE a choisi Samuel Žbogar, ancien ministre des Affaires étrangères slovène, pour assumer cette double responsabilité, imprimant à son action une dimension régionale.
L’OSCE, auparavant chef de file du pilier « Institutions démocratiques et élections », occupe aujourd’hui une place secondaire, tout comme la Minuk, dont le maintien d’une présence résiduelle a surtout permis de contourner l’impasse au Conseil de sécurité en déployant la mission Eulex sous son égide.
Dans la foulée de l’indépendance, le Kosovo adopte sa Constitution, laquelle entre en vigueur le 15 juin 2008 et établit un régime parlementaire monocaméral. L’Assemblée est composée de cent vingt députés élus au suffrage universel direct tous les trois ans. Les élections de l’hiver de 2010-2011 amènent au pouvoir une coalition menée par le Parti démocratique du Kosovo (PDK). Le gouvernement est formé par le Premier ministre, avec l’accord de l’Assemblée, qui peut voter une motion de censure à son encontre. Le président du Kosovo (la présidente Atifete Jahjaga depuis 2011) assume des fonctions de représentation et incarne l’unité de l’État. Il est élu par l’Assemblée pour cinq ans, mais la prochaine révision de la Constitution pourrait instaurer[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Odile PERROT : docteure en science politique, consul honoraire du Kosovo, expert du Réseau francophone de recherche sur les opérations de paix
Classification
Médias
Autres références
-
ALBANIE
- Écrit par Anne-Marie AUTISSIER , Odile DANIEL , Encyclopædia Universalis et Christian GUT
- 22 072 mots
- 9 médias
...établies dès le printemps au nord et au nord-est, laissaient au Monténégro et surtout à la Serbie plusieurs centaines de milliers d'albanophones, notamment autour deKosovo ; au sud, le protocole de Florence (déc. 1913) partageait la Çameria, à peuplement mixte, entre la Grèce et l'Albanie. -
BALKANS ou PÉNINSULE BALKANIQUE
- Écrit par Jean AUBOUIN et Michel ROUX
- 7 514 mots
- 1 média
...sauf lorsque Moscou lui fit faire l'inverse) ; Tirana soutint avec véhémence – mais en paroles seulement – les revendications des Albanais du Kosovo qui, en 1968 et depuis 1981, réclamaient la transformation de leur province en une septième république yougoslave, ce que Belgrade considèrait comme... -
BULGARIE
- Écrit par Roger BERNARD , André BLANC , Christophe CHICLET , Nadia CHRISTOPHOROV , Encyclopædia Universalis , Jack FEUILLET , Vladimir KOSTOV , Edith LHOMEL et Robert PHILIPPOT
- 26 995 mots
- 12 médias
-
CAUCASE
- Écrit par André BLANC , Georges CHARACHIDZÉ , Louis DUBERTRET , Encyclopædia Universalis et Silvia SERRANO
- 17 147 mots
- 4 médias
...flou, le soutien sans faille apporté à Mikheïl Saakachvili par l'administration Bush a incontestablement encouragé celui-ci dans cette aventure tragique. En outre, la reconnaissance de l'indépendance du Kosovo par les États-Unis et par de nombreux pays européens en février 2008, en dépit de l'opposition... - Afficher les 17 références