KOURGANE DE KOUL-OBA (Russie)

Le 22 septembre 1830, Paul du Brux, militaire franc-comtois au service du tsar Alexandre I^er, et Ivan A. Stempkovski, gouverneur de Kertsch passionné d'Antiquité, découvrent dans la presqu'île de Kertsch, en Crimée, le kourgane (tertre funéraire) de Koul-Oba – la « colline de cendre », en tatar. Ils sont émerveillés par l'abondance du riche mobilier funéraire qu'il contient. Accompagnés d'un serviteur, un homme et une femme, entièrement recouverts d'or, dorment là de leur dernier sommeil.

Cette sépulture mêle éléments architecturaux grecs (pierres en encorbellement du caveau) et scythes (le tertre qui la surmonte). Aux motifs animaliers caractéristiques de l'art des steppes (torque s'achevant en tête de lion, bouclier en forme de cerf, griffon) s'ajoutent des représentations humaines, comme les Scythes qui fraternisent, buvant au même rhyton du vin mélangé à leur sang. Leurs profils accolés peuvent aussi se lire comme un seul visage, large et plat. Plus évocateurs encore du brassage culturel : les pendentifs d'or ornés d'une Athéna casquée, inspirée de la statue de Phidias ; la bractée (ornement métallique cousu sur un vêtement) où Héraklès lutte avec le lion de Némée ; et le célèbre vase qui paraît illustrer le récit des origines des Scythes transmis par Hérodote. On date l'ensemble du milieu du iv^e siècle avant notre ère, avec la marge d'imprécision qui s'attache à tous les kourganes.

Mais les gardes chargés de surveiller la fouille abandonnent leur poste et, malgré les efforts de Paul du Brux pour récupérer les objets volés en une nuit, la plupart n'ont jamais été retrouvés.

— Huguette MEUNIER