KOWEÏT
Nom officiel | État du Koweït (KW) |
Chef de l'État et du gouvernement | Mechaal al-Ahmed al-Jaber al-Sabah (depuis le 16 décembre 2023). Premier ministre : Cheikh Mohammed Sabah al-Salem al-Sabah (depuis le 4 janvier 2024) |
Capitale | Koweït |
Langue officielle | Arabe |
Unité monétaire | Dinar koweïtien (KWD) |
Population (estim.) |
2 989 000 (2018) |
Superficie |
17 818 km²
|
Le système politique
Koweït s'est tôt distingué par une relative démocratisation, non que la dynastie au pouvoir y soit plus encline que celles qui règnent dans d'autres émirats, mais en raison de la pression exercée par une bourgeoisie financièrement autonome. L'émir (amir) Abdallah al-Salim (1950-1965) préside donc à une certaine libéralisation de la vie associative et de la presse avant de revenir sur cette politique en 1959. En 1961, quelques mois après l'indépendance, une Assemblée constituante est formée et une Constitution adoptée. Le pouvoir exécutif y est confié à un émir de la descendance de Moubarak le Grand, assisté par un Conseil des ministres de son choix. La fonction législative est partagée entre l'émir et une Assemblée parlementaire de 50 membres. Le 23 janvier 1963 ont lieu les premières élections législatives de l'émirat.
Mais il apparaît que les Sabah n'entendent pas se dessaisir de leur pouvoir. Les portefeuilles importants (Intérieur, Défense, Affaires étrangères, Information, Pétrole) sont confiés à des membres de la famille royale. Le Conseil des ministres sert à coopter les chefs des huit familles marchandes les plus influentes. L'élection d'opposants à l'Assemblée est rendue difficile par un découpage géographique favorisant les milieux tribaux, plus fidèles au régime. Le droit de vote est limité aux Koweïtiens mâles qui peuvent prouver que leurs ancêtres vivaient bien à Koweït avant 1921 (soit moins de 4 % de la population !). Qui plus est, les membres du gouvernement sont des parlementaires de droit.
Les élections vont encore avoir lieu en 1967, 1971 et 1975. Mais, en août 1976, l'Assemblée est dissoute et les articles les plus démocratiques de la Constitution suspendus. En dépit des restrictions, le Parlement était devenu un forum où la politique pétrolière et financière et les options régionales de l'émirat étaient critiquées. La pression pour le retour à la vie parlementaire restant vivace, les Sabah reviennent sur leur décision, non sans avoir pris de nouvelles précautions. Les élections de 1981 sont organisées de manière à favoriser plus nettement encore les milieux tribaux et religieux. L'opposition nationaliste, qui avait recueilli un tiers des sièges en 1976, se trouve exclue de l'Assemblée.
Son score s'améliore nettement aux élections de 1985, mais l'Assemblée élue comprend (à côté des notables tribaux pro-gouvernementaux qui conservent 28 sièges sur 50) plusieurs opposants actifs qui n'hésitent pas à interpeller les ministres membres de la famille royale et à mettre en cause l'autorité des Sabah. Une nouvelle dissolution et une suspension de la Constitution sont annoncées par décret princier le 3 juillet 1986, pour une durée indéterminée.
Qui plus est, le gouvernement doit faire face à une campagne de déstabilisation inspirée par l'Iran et répercutée par une partie des 20 % de chiites koweïtiens. Plusieurs actes terroristes se succèdent, contre la personne de l'émir, contre des journalistes, contre les ambassades de France ou des États-Unis ou encore contre des avions de la Kuwait Airways. Des bombes sont posées dans des installations pétrolières et des cafés bondés de clients. Les autorités répondent par une attitude ferme : les terroristes sont maintenus en prison et des dizaines de milliers de travailleurs immigrés sont déportés.
C'est dans ce climat fait de frustration interne avec l'autoritarisme grandissant de la dynastie, d'actes de sabotage d'inspiration iranienne et de menaces irakiennes que le pays est envahi par les troupes irakiennes. Les Koweïtiens la condamnent, et certains d'entre eux, restés au pays, s'y opposent par la force. Le gouvernement, réfugié à Taïf en Arabie Saoudite, tente de secourir la grande majorité de Koweïtiens vivant en exil et à les rassembler[...]
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Écrit par
- Philippe DROZ-VINCENT : professeur des Universités en science politique
- Ghassan SALAMÉ : directeur de recherche au C.N.R.S., professeur à l'Institut d'études politiques de Paris
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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