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ZANUSSI KRZYSZTOF (1939- )

Krzysztof Zanussi est né à Varsovie. Avec Andrzej Wajda et Krzysztof Kieslowski, il est un des plus célèbres cinéaste polonais. Par opposition toutefois à l'auteur de L'Homme de fer, il s'intéresse moins à l'histoire nationale de son pays qu'à une réflexion aiguë sur la nature et le destin de l'homme. Une triple formation de scientifique (études supérieures de physique à l'université de Varsovie entre 1956 et 1958), de philosophe (études de philosophie à Cracovie en 1959-1962) et de cinéaste (école de cinéma de Łodź, de 1960 à 1966) ont développé en lui la volonté d'appréhender et de transposer à l'écran toutes les composantes, biologiques, sociales, éthiques, de l'immersion de l'individu dans la société polonaise contemporaine.

Sa première originalité est de traiter des liens entre science et cinéma. Le générique de Camouflage (1977) présente des planches zoologiques. Augustin (L'Impératif, 1982) est assistant de mathématiques, de même que les protagonistes de La Structure de cristal (1969) ou de Vie de famille (1977) appartenaient aux milieux scientifiques. Un terme de mathématiques, désignant une quantité indépendante de variables, donne son titre à l'un de ses films les plus significatifs, La Constante (1980). Dans Illumination (1973), Franciszek s'interroge sur le sens, la finalité et les limites de la science. La puissance de suggestion du film naît de l'alliance presque permanente de la fiction et des documents, qui suggère à la fois l'union de l'esprit et de la matière et l'insertion du chercheur dans les multiples replis de son « environnement » scientifique.

Rigueur d'un esprit scientifique ou superbe exigence éthique — peu importe, Zanussi est surtout le cinéaste du refus des compromissions. Dans Le Contrat (1980), la satire d'une attitude en société nourrie d'hypocrisie s'allie au portrait d'une intransigeance, celle de Lilka qui, au cours de sa messe de mariage, dit « non » et s'enfuit. Plutôt que d'accepter la manipulation dont il est l'objet, le héros de Spirale (1978) choisit le suicide. Celui de La Constante, Witold, entend faire face à l'évolution des mœurs, aux compromissions qui l'entourent, afin de demeurer fidèle à lui-même, au risque de ne plus pouvoir suivre sa vraie vocation (celle d'un chercheur en mathématiques) et de perdre sa qualification professionnelle.

Comment tenter de transformer le monde sans changer soi-même en profondeur, au point de se renier ? Telle est sans doute la question fondamentale que pose le cinéaste dans son œuvre. Son refus passionné des compromissions est, en réalité, un appel muet à une transcendance, que suggère, au finale du Contrat, cet admirable plan du cerf, surgi brusquement au détour d'un sentier de la forêt. L'élan vers la pureté, vers l'absolu se discerne dans le choix des décors de montagne, le leitmotiv plastique de la neige (Spirale, La Constante, L'Impératif) et même l'absence de couleurs, le jeu sur le noir et blanc. Il constitue la matière même de L'Impératif, dont le titre renvoie à l'évidence à « l'impératif catégorique » kantien. L'univers du sacré est ici suggéré, affirmé, éprouvé par la quête même d'Augustin. L'interrogation s'ouvre sur le sacrilège — profanation d'une chapelle orthodoxe, vol d'une icône — conçu comme un appel à un signe susceptible de manifester la présence de Dieu ; elle conduit à accepter de passer par l'épreuve de l'internement psychiatrique. Avec ce film, Zanussi a gagné un impossible pari : prendre la problématique de l'existence de Dieu pour sujet central d'un film et suggérer que la foi authentique doit nécessairement s'allier à un doute purificateur. L'Année du soleil calme[...]

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, critique de cinéma

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  • SOCIALISTES ART DANS LES PAYS

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    • 12 602 mots
    • 7 médias
    Krzystof Zanussi, dans les années 1970, impose un nouveau ton qui préfigure par certains côtés les événements des années 1980. Scientifique de formation, mais catholique pratiquant, il conjugue à sa manière très personnelle les deux exigences de la Pologne moderne, la dette envers le matérialisme officiel...