KU KLUX KLAN
Société secrète fondée dans le sud des États-Unis, au lendemain de la guerre de Sécession, en 1866. Le Ku Klux Klan s'est immédiatement assigné comme objectif la lutte contre les Noirs, que venait d'émanciper (en 1865) le XIIIe amendement à la Constitution, et leurs alliés du Nord (carpet-baggers, membres du gouvernement fédéral en poste dans les anciens États sécessionnistes). D'une certaine manière, il correspond à un mouvement de désespoir de la part des vaincus qui n'ont pas compris la signification de leur défaite et ne parviennent pas à accepter l'abolition de l'esclavage ou l'occupation militaire de leur région par les troupes de l'Union. Ses moyens d'action consistent dans l'emploi de la violence, le recours aux déguisements pour effrayer les Noirs et la mise sur pied d'une hiérarchie très structurée. Des lois ont immédiatement combattu le Klan, que ses propres excès discréditaient auprès de la plupart des Sudistes ; il fut officiellement dissous en 1869.
Dès 1915, et plus encore au lendemain de la Première Guerre mondiale, il renaît de ses cendres. Cette fois-ci, ce n'est plus simplement l'expression du malaise du Sud : il s'étend à l'Ouest et au Middle West avec un succès considérable qui lui permet en 1925 de revendiquer plus de cinq millions d'adhérents. Les méthodes n'ont pas changé : longues robes blanches, croix enflammées devant les maisons des « ennemis », lynchages et brutalités, hiérarchie complexe et correspondant à des dénominations ésotériques, voilà qui fait ressembler le deuxième Klan au premier. Les thèmes, en revanche, se sont modifiés. Aux « nègres » qu'il convient de « remettre à leur place » s'ajoutent dès lors les juifs, les catholiques, les immigrants qui n'appartiennent pas au monde anglo-saxon, les « rouges ». Antimarxiste, xénophobe, réactionnaire, le nouveau Klan exprime l'inquiétude de la vieille Amérique face à des changements brutaux qu'elle refuse et aux grandes villes qui lui font peur ; il se fait le champion d'un « américanisme à cent pour cent » et n'hésite pas, au nom de l'Amérique libérale, à combattre le libéralisme. Pourtant, si le Klan parvient à faire entendre sa voix au sein des partis traditionnels, il ne se transforme pas en un mouvement fasciste dont il a malgré tout certaines caractéristiques ; la crise économique de 1929 lui portera un coup décisif, au moment où son déclin dans l'opinion américaine était nettement amorcé.
Au temps du sénateur Joseph McCarthy, un troisième Klan est apparu, qui correspond à l'une des formes politiques de la pensée d'extrême droite. C'est un groupuscule dont l'influence est quasi négligeable.
Un nouveau Klan tente de renaître au début du xxie siècle en axant son action sur la condamnation de l'homosexualité ainsi que sur le rejet de l'immigration illégale.
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Écrit par
- André KASPI : professeur d'histoire de l'Amérique du Nord à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
Classification
Média
Autres références
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ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Le territoire et les hommes) - Histoire
- Écrit par Encyclopædia Universalis , Claude FOHLEN , Annick FOUCRIER et Marie-France TOINET
- 33 218 mots
- 62 médias
...avantageuses. À la conjonction des Yankees détestés et des Noirs méprisés répondit un contre-terrorisme blanc mené par des sociétés secrètes comme le Ku-Klux-Klan et dirigé contre les traitres (scalawags). La violence et la pratique du lynchage entrèrent dans les mœurs. Déjà traumatisé par la défaite,...