KAMARAJ KUMARASWAMI (1903-1975)
Ancien président du Congrès, le dernier des grands disciples du Mahatma Gandhi, Kumaraswami Kamaraj fut un des politiciens les plus influents de l'Inde contemporaine. Dans la plus grande discrétion, il excella, pendant des décennies, à dénouer de manière inespérée les crises politiques du pays, passant, selon l'expression des journaux indiens, pour un véritable kingmaker (faiseur de rois).
Kumaraswami Kamaraj est né dans l'État de Madras (depuis 1968, Tamilnadu) au sein d'une famille hindoue appartenant à une caste inférieure. Il reçut une éducation sommaire, sa condition ne lui permettant pas de fréquenter les écoles réputées. Ses origines, son inlassable dévouement à la cause des faibles et des déshérités lui ont toujours valu une grande popularité auprès des masses. Bien qu'il ne parlât ni l'anglais ni le hindi, il rassemblait partout où il allait des foules importantes venues l'écouter.
Kamaraj fit ses débuts dans la vie politique à l'âge de quinze ans en participant aux activités du parti du Congrès dans son district d'origine, où il travailla jusqu'à son accession, assez tardive, à la scène politique nationale (après l'indépendance, 15 août 1947). Militant très actif du Congrès du Tamilnadu, Kamaraj est élu membre du comité de travail (T.N.C.C.) en 1920, membre du All India Congress Committee (A.I.C.C.) en 1931, secrétaire du T.N.C.C. en 1935, puis député à l'Assemblée législative de Madras en 1937 et en 1946.
Son action politique lui vaut d'être arrêté à plusieurs reprises et de passer trois ans en prison (1942-1945). Après l'indépendance, le rôle qu'il commença à jouer au niveau national marque l'influence grandissante du Sud dans la politique du parti, jusqu'alors menée exclusivement par le Nord.
Kamaraj, qui d'ailleurs n'abandonne pas pour autant ses responsabilités politiques dans son district du Tamilnadu, est élu député de l'Assemblée constituante de l'Inde en 1947, membre de l'A.I.C.C. Working Committee en 1949, membre du Parlement lors des élections générales de 1952. Président du T.N.C.C. de 1939 à 1954, il devient, cette année-là, leader du Congrès à Madras (poste qui lui sera de nouveau confié en 1957 et en 1962) et chef du gouvernement de Madras.
Dans cette dernière charge, qu'il occupera jusqu'en 1963, il donne la mesure de ses qualités d'administrateur ; il maintient, malgré les attaques du parti séparatiste Dravida Munnetra Kazhagam (D.M.K.), l'unité du parti du Congrès. Dans son poste à Madras, il se conforme à une politique qui sera appelée « plan Kamaraj », et que Nehru adoptera en 1963 : ce plan invite les grands responsables du parti à renoncer à leurs fonctions au niveau national pour se remettre à travailler à la base de l'organisation. En 1963, Kamaraj est chargé de la présidence du Congrès national indien, fonction qu'il assumera jusqu'en 1968. En 1971, il est réélu au Lok Sabha (la Chambre basse).
C'est sous l'influence de Kamaraj que, à la mort de Nehru, Lal Bahadur Shastri, malgré les manœuvres droitières de Morarji Desai, est nommé Premier ministre, puis que, en janvier 1966, Indira Gandhi succède à Shastri. Toujours, Kamaraj s'est opposé aux intrigues des réactionnaires au sein du Congrès. Patriote austère, qui avait une vocation de rassembleur, non de diviseur, il rejoignit néanmoins, lors de la scission du Congrès en 1969, Desai et Nijalingappa dans l'opposition (Organization Congress), mais se sentit peu à l'aise dans ce groupe. En socialiste proche du peuple et profondément démocrate, il s'éleva contre la politique autoritaire d'Indira Gandhi et particulièrement, le 26 juin 1975, contre la proclamation de l'état d'urgence.
Le 1er octobre 1975, à la veille de sa mort, il lançait une nouvelle[...]
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Écrit par
- Raymond MORINEAU : journaliste, ancien maître de conférences à l'université d'Alexandrie
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