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KURDES

La question kurde après 1970

En Irak

Rupture entre le PDK et le gouvernement central

L'accord du 11 mars 1970, considéré par le pouvoir baassiste comme « la solution adéquate au problème kurde », n'avait pas été accepté par tous les compagnons de Mustafa Barzani. Durant la période transitoire de quatre ans prévue pour préparer la loi d'autonomie, les clivages s'accentuèrent au sein du PDK. Une tendance minoritaire trouvait l'accord satisfaisant et voulait se dégager de toute aide étrangère (Iran, États-Unis, Israël) dont dépendait, en partie, le mouvement kurde. La majorité pensait que l'accord n'était qu'une manœuvre dilatoire employée par Bagdad pour arabiser les régions pétrolières du Kurdistan. Ces dissensions furent exploitées par Téhéran : dès la fin de 1972, Barzani savait qu'il bénéficierait d'une importante aide iranienne, garantie par les États-Unis, au cas où les hostilités reprendraient.

Réfugiés kurdes d'Irak, vers 1974 - crédits : Michel Artault/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Réfugiés kurdes d'Irak, vers 1974

Les discussions achoppèrent sur divers points, notamment l'appartenance de Kirkouk à la future région autonome, le partage des revenus pétroliers et les limites du pouvoir régional. Le délai de transition étant écoulé, Bagdad promulgua sa loi d'autonomie le 11 mars 1974, loi qui fut aussitôt rejetée par Barzani, l'autonomie octroyée n'étant que partielle et limitée à quelque 60 % du territoire revendiqué par le PDK. Les Kurdes le suivirent massivement dans la rébellion, et la guerre reprit. En revanche, plusieurs personnalités du PDK acceptèrent le statut d'autonomie et constituèrent à Bagdad un PDK probaassiste. Bagdad remplaça les cinq ministres kurdes nommés en 1970 par des personnalités ralliées, dont un fils de Mustafa Barzani (Obeidullah).

Peshmerga - crédits : Michel Artault/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Peshmerga

L'aide massive de l'Iran permit aux peshmerga (maquisards kurdes, littéralement : « au-devant de la mort ») de résister aux grandes offensives irakiennes de l'été, mais transforma peu à peu la guérilla en guerre de front et accentua la dépendance des rebelles à l'égard de l'Iran dont l'armement moderne leur devint indispensable. Or, comme le révéla le rapport Pike de 1975 – dû à une commission d'enquête de la Chambre des représentants –, ni Washington ni Téhéran ne voulaient d'une victoire kurde. Pour le chah, l'aide aux rebelles était une « carte à jouer » dans le différend frontalier qui l'opposait à l'Irak, tout en lui permettant de museler ses propres Kurdes. L'engagement américain était un service rendu à l'allié iranien – en qui Barzani n'avait qu'une confiance limitée –, mais aussi à l'allié israélien qui cherchait à contrecarrer l'Irak, principale composante du Front du refus. Enfin, Washington affaiblissait un pays lié à l'URSS depuis 1972 par un traité de coopération et d'amitié.

L'accord d'Alger entre l'Irak et l'Iran

En difficulté sur le terrain, Bagdad fit des avances discrètes au chah à la fin de l'hiver de 1974. Celles-ci furent accueillies favorablement et, le 6 mars 1975, à l'issue d'une conférence de l'OPEP à Alger, Saddam Hussein, alors vice-président irakien, signa un accord avec le chah par lequel l'Irak accédait aux revendications iraniennes en abandonnant sa souveraineté sur le Chatt al-Arab (la frontière sud entre les deux pays était désormais le talweg), l'Iran s'engageant, en contrepartie, à cesser toute aide aux rebelles. La résistance kurde s'effondra du jour au lendemain. Bagdad créa un no man's land (5 km de profondeur) le long des frontières avec l'Iran et la Turquie en détruisant des centaines de villages et en colmatant les sources. Le parti Baas assura sa mainmise sur les instances autonomes par l'intermédiaire du PDK dissident. La population dans sa majorité, par conviction, par fatalisme ou par intérêt, accepta l'expérience[...]

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Écrit par

  • : chargé de conférences au Centre universitaire de langues orientales vivantes
  • : directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales
  • : écrivain, journaliste
  • : journaliste, chef du département Moyen-Orient et de la rubrique Proche-Orient au Journal Le Monde

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Médias

Chute du régime du général Kassem, 1963 - crédits : Central Press/ Hulton Archive/ Getty Images

Chute du régime du général Kassem, 1963

Réfugiés kurdes d'Irak, vers 1974 - crédits : Michel Artault/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Réfugiés kurdes d'Irak, vers 1974

Peshmerga - crédits : Michel Artault/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Peshmerga

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