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KIESINGER KURT GEORG (1904-1988)

Chancelier allemand de 1966 à 1969, Kurt Georg Kiesinger est né le 6 avril 1904 à Ebingen, dans le Wurtemberg. Petit employé, le père avait sept enfants. Grâce à des bourses, Kurt Georg étudie tout d'abord la philosophie et la littérature à Tübingen, puis il s'oriente vers le droit à Berlin, où il devient avocat. Il adhère au N.S.D.A.P. (Parti national-socialiste allemand des travailleurs) en 1933, à l'âge de vingt-neuf ans, et en restera membre jusqu'en 1945. À partir de 1940, il est affecté au département « radiodiffusion » du ministère des Affaires étrangères, dont il deviendra le directeur adjoint. Il prend assez rapidement ses distances avec le régime et est même dénoncé pour son manque de zèle à soutenir l'antisémitisme et la politique extérieure du Führer.

Attiré par l'enseignement, il anime pendant la guerre un séminaire de droit qui donne souvent lieu à des conversations à la limite de ce que le régime tolère. Aussi, la campagne menée à partir de 1966 contre son passé et la gifle que Beate Klarsfeld lui donne au congrès fédéral de la C.D.U. (Union chrétienne démocrate) à Berlin, en 1968, sont-elles mal reçues par l'opinion allemande.

Après 1945, Kurt Georg Kiesinger revient à Tübingen où il ouvre un cabinet d'avocat.

Attaché au catholicisme, il adhère tout naturellement à la C.D.U. Élu député fédéral au premier Bundestag en 1949, il préside la commission de conciliation Bundestag- Bundesrat, chargée de régler les différends législatifs entre les deux chambres du Parlement. À partir de 1954, il préside l'importante commission des Affaires étrangères dans laquelle il défend avec éloquence la politique extérieure du chancelier Konrad Adenauer (C.D.U.), en particulier l'ancrage à l'Ouest, très critiqué par les députés plutôt attachés à la réunification allemande. Ses collègues l'appellent déjà le « roi à la langue d'argent ». Aux élections de 1957, la C.D.U.-C.S.U. remporte la majorité absolue. Kurt Georg Kiesinger convoite le ministère des Affaires étrangères, mais Adenauer préfère conserver le fidèle Heinrich von Brentano. En fait, il doute des qualités administratives de Kurt Georg Kiesinger et ne lui a peut-être pas pardonné d'avoir refusé, en 1950, le poste de secrétaire général du parti.

Déçu, Kurt Georg Kiesinger se retourne vers son Land et se fait élire en 1958 ministre-président du Bade-Wurtemberg. Il considérera ces années jusqu'en 1966 comme les plus belles de sa vie. Il se fait une réputation de protecteur des arts et il fonde plusieurs universités, dont celle de Constance.

Il commence à développer une politique écologique. Reinhold Maier (F.D.P., parti libéral démocrate), ministre-président du Land en 1952-1953, dira non sans quelque méchanceté que Kurt Georg Kiesinger aime surtout faire des discours, voyager et recevoir ; c'est la politique des 3 R (reden, reisen, repräsentieren). Ce n'est pas un homme de dossiers et il ne participe pas aux intrigues partisanes.

En 1966, le chancelier Ludwig Erhard a déjà dilapidé l'énorme capital de confiance dont il bénéficiait. Kurt Georg Kiesinger est appelé à lui succéder, le 11 décembre 1966, car il a su se tenir à l'écart des querelles, le choix de Franz Josef Strauss en sa faveur ayant été décisif dans sa nomination. En 1967, il devient président fédéral de la C.D.U.

Chrétiens-démocrates et libéraux ne veulent plus gouverner ensemble ; les deux principaux partis du Bundestag, la C.D.U.-C.S.U. et le S.P.D. (parti démocrate d'Allemagne), décident de former une grande coalition, la première au niveau fédéral. Le nouveau gouvernement fédéral est ainsi dirigé par un ancien membre du N.S.D.A.P., alors que le vice-chancelier et ministre des Affaires étrangères, Willy Brandt (S.P.D.), est un antifasciste notoire.

La grande coalition[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

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