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VONNEGUT KURT (1922-2007)

Mort le 11 avril 2007 à l'âge de quatre-vingt-quatre ans de lésions cérébrales, après une chute dans sa maison à Manhattan, Kurt Vonnegut est né le 11 novembre 1922 à Indianapolis (Indiana), dans une famille d'immigrés allemands établie en Amérique depuis trois générations. Fils et petit-fils d'architecte, il étudie la biochimie avant de s'engager dans l'armée américaine et d'être envoyé sur le front européen en 1944. Lors de la bataille des Ardennes, il est fait prisonnier et se retrouve à Dresde, où il assiste au bombardement de la ville par les Alliés dans la nuit du 14 février 1945. Il en sera l'un des très rares survivants. Cette apocalyptique épreuve du feu va marquer l'ensemble de son œuvre.

L'obsession du désastre

À son retour aux États-Unis en 1945, Vonnegut entreprend des études d'anthropologie à l'université de Chicago. En 1947, il commence à travailler pour le laboratoire de recherche de la General Electric comme expert en relations publiques. Mais l'écriture le sollicite déjà : sa première nouvelle paraît dans Collier's en 1950. Bientôt, il devient écrivain à plein temps.

Publié en 1952, son premier roman, Le Pianiste déchaîné, est de facture encore presque classique, mais il s'agit déjà d'un roman d'anticipation à visées satiriques, décrivant, comme Le Meilleur des mondes d'Aldous Huxley, une société divisée en castes et entièrement automatisée. Dans Les Sirènes de Titan (1959), la réflexion sur le temps présent se projette encore plus nettement dans le futur spéculatif de la science-fiction. L'espace romanesque s'agrandit cette fois aux dimensions du système solaire, auquel Vonnegut ajoute pour la première fois Tralfamodore, sa propre planète. L'intrigue intersidérale met en scène une multitude de terriens et d'extraterrestres voyageant interminablement entre la Terre, Mars et Mercure. Dans Nuit noire (1961), Vonnegut abandonne provisoirement la science-fiction pour revenir à l'histoire des hommes. Composé de phrases courtes et de chapitres brefs, ce troisième roman propose les mémoires, écrites en prison, d'un écrivain américain qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, fut à la fois un éloquent propagandiste de l'Allemagne nazie et un agent secret des États-Unis. Pris au piège de sa double identité et de son double jeu, sur le point d'être jugé en Israël pour crimes de guerre, il s'apprête à se pendre pour « crimes contre lui-même ».

Le mal est également à l'œuvre dans Le Berceau du chat (1963), autre roman « en morceaux », relatant l'histoire d'un projet de livre intitulé « Le Dernier Jour du monde ». Hanté par l'explosion de la première bombe atomique à Hiroshima, un journaliste qui se fait appeler Jonas mène une enquête sur Felix Hoenikker, un des « pères » de la bombe, et finit par retrouver son fils aîné à San Lorenzo, une île des Caraïbes inventée, dont Vonnegut, à la manière de Swift ou de Borges, imagine la géographie, l'histoire, la langue, la religion et les livres sacrés. Le récit enchaîne scènes cocasses et épisodes terrifiants, et s'achève bel et bien par « la fin du monde ». Lors d'un accident d'avion, la « glace-9 », dernière invention du génial Hoenikker, tombe dans l'océan et vitrifie instantanément toute la planète.

En revanche, de même que Nuit noire, R comme Rosewater (1964) est centré sur une seule figure, celle d'Eliot Rosewater, un milliardaire alcoolique converti à la philanthropie et soupçonné d'être fou, qui distribue ses dollars aux déshérités et se dispose à leur léguer toute sa fortune. Fable sardonique sur la tentation de faire le bien, ce roman allait confirmer le talent de Vonnegut. Cependant, la célébrité ne lui vint qu'en 1969 avec Abattoir-5,[...]

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