KYŪSHŪ
Peuplée de plus de 13 millions d'habitants en 2015, Kyūshū est la plus méridionale des quatre îles composant le bloc centralinsulaire du Japon. D'une superficie de 35 640 kilomètres carrés, elle doit son nom – littéralement « les neuf provinces » – aux neuf territoires qui la composaient à l'époque médiévale. En 1871, une réforme territoriale réduit ces circonscriptions aux sept départements actuels : Fukuoka, Saga et Nagasaki à l'ouest (ce dernier comprenant l’archipel des Gotō et l'île Tsushima, dans le détroit de Corée), Ōita et Kumamoto au centre (ce dernier couvrant aussi l'archipel d'Amakusa), et Miyazaki et Kagoshima au sud (dont dépendent les innombrables îles de l'archipel des Satsunan). En tant que région, Kyūshū inclut aussi le département et archipel d'Okinawa, le territoire le plus au sud du Japon, à proximité de Taïwan.
Kyūshū est une des premières régions à avoir été occupée par les Japonais et est parfois considérée comme le berceau de la civilisation japonaise. Au xiiie siècle, l'île joue un rôle majeur dans la lutte contre les invasions mongoles venues de la péninsule de Corée et menées sur ordre de Kubilai Khan, alors empereur de Chine. En 1274, une première tentative est repoussée par les troupes japonaises grâce à une dissension interne entre les troupes mongoles et les troupes sino-coréennes. En 1281, les troupes de Kubilai, qui ont entre-temps conquis les territoires de la dynastie Song du sud de la Chine, tentent à nouveau de soumettre le Japon. Ayant fortifié les côtes ouest du Kyūshū, les Japonais repoussent l'invasion grâce à une meilleure préparation et au soutien opportun d'un typhon, baptisé ultérieurement kamikaze (« vent divin ») – événement érigé au rang de mythe national dans les années 1930 lors de la période tennō-militariste, et dont le terme fut repris pendant la guerre pour qualifier les pilotes endoctrinés affectés aux attaques-suicides.
Kyūshū est une terre de carrefour et de brassage culturel. À la fin du xvie siècle et au début de l'ère Edo (1603-1868), c'est une région d'intenses contacts avec les puissances européennes. De nombreux jésuites viennent y mener des campagnes d'évangélisation, avant d'être violemment expulsés par le pouvoir des Tokugawa, qui décide la fermeture totale du pays (période dite de sakoku, 1641-1853). Seuls les Hollandais obtiennent le droit de séjourner et de commercer dans l'îlot artificiel de Dejima, dans le port de Nagasaki, qui devient un important centre de diffusion des sciences et des techniques occidentales et chinoises, en particulier pour la médecine. Persécutée, la communauté chrétienne résiduelle du Kyūshū se réfugie dans les campagnes des actuelles préfectures de Nagasaki, Saga et Ōita, et dans de petites îles plus isolées, en particulier de l'archipel des Gotō. Kyūshū devient alors le centre des communautés des chrétiens dits « cachés ».
Porte d'entrée du Japon de l'ère médiévale, Kyūshū redevient un carrefour ouvert sur le monde et l'Occident lors de la restauration Meiji de 1868. Nombre de jeunes hommes issus des élites politiques et économiques de l'île partent alors en Europe et en Amérique du Nord pour se former à la modernité des pays industrialisés et permettre le rattrapage scientifique, technologique, militaire et économique du Japon. Sa position méridionale et sa fonction de contact expliquent les nombreuses destructions que Kyūshū subit lors de la Seconde Guerre mondiale, en particulier le bombardement atomique de Nagasaki par les Américains le 9 août 1945, qui réactive en négatif le statut historique de point de contact et porte d'entrée de la ville depuis l'étranger.
Kyūshū est une terre régulièrement touchée par de violents aléas climatiques et telluriques :[...]
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Écrit par
- Raphaël LANGUILLON-AUSSEL : docteur agrégé de géographie
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Média
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