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L'ACCUMULATION DU CAPITAL, Rosa Luxemburg Fiche de lecture

Rosa Luxemburg - crédits : Henry Guttmann/ Getty Images

Rosa Luxemburg

Rosa Luxemburg (1870-1919), qui avait en charge le cours d'économie marxiste à l'École centrale du parti social-démocrate de Berlin depuis 1907, entreprend en début d'année 1912 la rédaction de L'Accumulation du capital (Die Akkumulation des Kapitals). Publié en 1913, l'ouvrage est vivement critiqué dans les organes du parti, à la fois pour son interprétation des schémas de reproduction de Marx et pour sa théorie de l'impérialisme.

Incarcérée en février 1915, Rosa Luxemburg rédige la Critique des critiques, une réponse à ses détracteurs, qu'elle envisageait d'intégrer à une éventuelle seconde édition de son livre. Si « Dieu me prête vie assez longtemps », écrivait-elle. Libérée en février 1916, elle est de nouveau emprisonnée de juillet 1916 à novembre 1918. Arrêtée en janvier 1919 après l'échec de l'insurrection de Berlin, elle est assassinée.

Croissance et impérialisme

Dans l'économie capitaliste, la croissance prend la forme d'une accumulation de moyens de production, d'une accumulation de capital. À quelles conditions est-elle possible ? L'ouvrage traite la question en trois parties ; l'édition française de 1972 ajoute, en quatrième partie, la Critique des critiques.

La première partie de l'ouvrage discute les schémas de reproduction du capital présentés par Marx dans le livre II du Capital. Rosa Luxemburg montre que Marx, absorbé par sa critique d'Adam Smith, et s'inspirant de François Quesnay, a construit les schémas pour traiter de la valeur et du renouvellement du capital consommé dans la production de marchandises et qu'il a privilégié le cas de la reproduction simple (absence d'accumulation) où les capitalistes consomment la plus-value. Rosa Luxemburg pointe les difficultés auxquelles Marx se heurte lorsqu'il veut intégrer la circulation de l'argent et qu'il aborde le cas de la reproduction élargie (l'accumulation du capital), où les capitalistes investissent en partie la plus-value. Elle pose la question de la solvabilité de la demande et souligne le caractère inachevé des manuscrits.

La deuxième partie de l'ouvrage présente les différentes controverses antérieures relatives à l'accumulation et aux débouchés : celle entre Sismondi/Malthus et Say/Ricardo/Mac Culloch, puis celle entre Rodbertus et von Kirchman, enfin celle entre Struve/Boulgakov/Baranowsky et Vorontsov/Nicolai-on.

La troisième partie de l'ouvrage traite des conditions historiques de l'accumulation. Revenant sur les schémas de la reproduction élargie, Rosa Luxemburg énonce sa thèse : la réalisation de la plus-value suppose une demande réglée en monnaie et provenant de catégories économiques extérieures à l'économie capitaliste. D'où l'impérialisme et le militarisme, en vue de s'assurer des débouchés en dehors des marchés des économies capitalistes. L'impérialisme est une nécessité pour le capitalisme, et non une excroissance ou une déviation due au capital financier, qui pourrait être corrigée au moyen d'alliances électorales avec une fraction de la bourgeoisie et des classes moyennes, comme le pense le Parti social-démocrate à l'appui des thèses de Rudolph Hilferding.

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    Après des études au lycée de Varsovie, elle entre dès 1887 en relation avec des militants socialistes polonais. Obligée de passer à l'étranger...