L'ADOLESCENCE CLÉMENTINE, Clément Marot Fiche de lecture
L'Adolescence clémentine paraît en 1532 et rassemble les textes de jeunesse du poète. Le recueil frappe par sa diversité. Dans son souci de jouer de toute la gamme du langage, Marot est l'héritier des grands rhétoriqueurs, mais c'est aussi un contemporain des humanistes, un poète de cour, un homme préoccupé par les questions religieuses. Son œuvre va s'enrichir de toutes les ressources d'une époque fertile en nouveautés.
Un recueil composite
L'Adolescence clémentine classe les poèmes par genres et s'ouvre sur les Opuscules, une suite de six pièces parmi lesquelles quatre traductions : La Première Églogue de Virgile, le Jugement de Minos inspiré d'un poème de Lucien, les Tristes Vers de Philippe Béroalde, d'inspiration religieuse comme l'Oraison contemplative tirée d'un poème latin dû à un moine bénédictin. Un poème allégorique, le Temple de Cupidon – titre à la manière des grands rhétoriqueurs –, qui célèbre le mariage du futur François Ier, et l'Épître de Maguelonne à son ami Pierre de Provence, dans le goût des Héroïdes d'Ovide, complètent les Opuscules. Viennent ensuite les Épîtres, au nombre de dix, parmi lesquelles quelques-unes des pièces les plus célèbres de Marot, deux Complaintes, treize Épitaphes de longueur inégale et de ton varié mais toujours enlevé (quand ce n'est pas burlesque), quatorze Ballades, un Chant royal, soixante-sept Rondeaux et quarante-deux Chansons. D'anciens genres à forme fixe (rondeaux, ballades, chant royal) côtoient ainsi des pièces à formes libres déjà pratiquées par les grands rhétoriqueurs (épîtres ou complaintes) et des genres nouveaux introduits par Marot (églogue ou élégie).
En 1534, le poète publie une Suite à L'Adolescence clémentine qui comprend une Complainte sur la mort de Robertet et une Églogue sur la mort de Madame, mère du roi, des Élégies amoureuses, genre que Marot est le premier à pratiquer en France, d'autres Épîtres, des Chants, un Cimetière et des Oraisons. On a compté, jusqu'en 1538, vingt-cinq éditions de L'Adolescence clémentine et dix-neuf de la Suite ! Ces rééditions, la mise en musique de plusieurs poèmes, la circulation de certains textes en manuscrits attestent le succès considérable du recueil.
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Écrit par
- Yvonne BELLENGER : professeur émérite à l'université de Reims
Classification
Autres références
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FRANÇAISE LITTÉRATURE, XVIe s.
- Écrit par Frank LESTRINGANT
- 6 760 mots
- 3 médias
En 1532, L’Adolescence clémentine de Clément Marot (1496-1544) prononce un joyeux adieu aux formes traditionnelles, cependant que d‘autres, plus libres prennent la relève, telles que l’épître – avec sa variante Du coq à l’âne –, l’épitaphe et la complainte. L’Enfer est une...