AFFICHE ROUGE L'
Les FTP-MOI parisiens
La lutte contre l’occupant est une tâche particulièrement difficile et dangereuse. Dangereuse parce que stationnaient en permanence dans la capitale d'importantes forces allemandes qui quadrillaient les rues et, surtout, pesaient sur la police française. Or, à la préfecture de police de Paris, les Renseignements généraux disposaient de deux brigades spéciales (BS) anticommunistes, créées dès 1939, et qui connaissaient fort bien le milieu communiste, ses formes d'organisation et d'action clandestines. Ces BS pratiquaient des méthodes de surveillance très professionnelles que des résistants jeunes et inexpérimentés eurent bien du mal à contrecarrer.
Cette activité était aussi difficile. D'une part, les FTP-MOI disposaient au départ de peu d’armement (sauf de petit calibre) et ne possédaient pas d'explosifs (sauf artisanaux). D'autre part, ils n'avaient que très peu d'hommes aguerris, la plupart des recrues étant des jeunes (parfois très jeunes, âgés de 16 ou 17 ans), certes décidés à se venger des nazis, mais peu formés à respecter la dure loi de la lutte clandestine.
Le combat s'engagea en juillet 1942, mené par une organisation structurée qui comprenait :
– une direction constituée de trois responsables : un militaire (Boris Holban, puis Missak Manouchian), un politique et un technicien (armement) ;
– un service des cadres, sélectionnant, réceptionnant et contrôlant les militants envoyés par les organisations politiques de la MOI ;
– un service de renseignement, chargé de recueillir toute information susceptible d'aider à la préparation des opérations (repérage des objectifs, reconnaissance du terrain, etc.) ;
– un service technique, chargé de l'armement et de son transport ;
– un service sanitaire, destiné à soigner d'éventuels blessés ;
– quatre « détachements » de combattants, le premier est formé de juifs roumains, le deuxième de juifs polonais, le troisième d'Italiens, et le quatrième, spécialisé dans les déraillements des trains, de juifs hongrois et polonais (les « dérailleurs ») ;
– une « équipe spéciale », chargée de certaines opérations particulièrement périlleuses.
Les types d’actions étaient très divers : destruction de poteaux indicateurs, de véhicules et de garages allemands ; dépôt de bombes dans des locaux fréquentés par les Allemands (ateliers, dépôts, hôtels, cafés, restaurants, maisons closes, boîtes de nuit, cinémas) ; attaque de soldats et d'officiers isolés, mais aussi de détachements en déplacement (à pied ou en autocar) ; attaque de postes militaires ; destruction d'installations électriques et déraillement de trains.
Certaines de ces opérations étaient à la fois ambitieuses et spectaculaires. Le 28 juillet 1943, l'équipe spéciale attaqua à la grenade la voiture du général commandant le Grand Paris, mais sans succès. Le 28 septembre 1943, elle exécuta Julius Ritter, le représentant en France de Fritz Sauckel, l'un des principaux personnages du IIIe Reich, responsable de l'organisation de la main-d'œuvre forcée dans toute l'Europe. Dans ce cadre, Ritter était chargé d'envoyer les jeunes Français au Service du travail obligatoire (STO) en Allemagne. La fureur des nazis fut à son comble, tandis que toute la Résistance se réjouissait et que Radio Londres félicitait les auteurs de ce coup audacieux : Marcel Rayman, juif d'origine polonaise âgé de vingt ans, Celestino Alfonso, ex-militaire de l'armée républicaine espagnole, et Leo Kneler, communiste allemand.
Les FTP-MOI parisiens commirent de juillet 1942 à novembre 1943 plus de deux cents actions contre les Allemands, lesquelles, même si elles visaient la plupart du temps des biens matériels et avaient un faible impact sur la machine de guerre nazie, créaient néanmoins[...]
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Écrit par
- Stéphane COURTOIS : directeur de recherche honoraire au CNRS, docteur en histoire habilité à diriger des recherches
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