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L'ÂGE D'OR, film de Luis Buñuel

Luis Buñuel (1900-1983) rêve qu'un nuage effilé coupe la lune, comme un rasoir tranche un œil ; Salvador Dalí, que des fourmis envahissent une main. Ils réalisent Un chien andalou (1928), avec l'argent que leur donne la mère de Buñuel. Coup d'essai, coup d'éclat : les surréalistes, alertés par Man Ray, adoptent le film et ses auteurs ; les Noailles, mécènes éclairés, proposent à Buñuel de produire un autre film, pourvu que la musique soit de Stravinski. Ce sera L'Âge d'or, sans Stravinski, ni Dalí qui n'apporte que quelques suggestions. Le premier film était, selon son auteur, « un désespéré, un passionné appel au meurtre », celui-ci est « un film d'amour fou ». L'un et l'autre font, pour toujours, de Buñuel le réalisateur surréaliste par excellence. « Ce qui m'est resté du surréalisme, c'est une exigence morale claire et irréductible à laquelle j'ai tenté de rester fidèle » (Mon Dernier Soupir, 1982). Plus tard, de Belle de jour (1967) à Cet Obscur Objet du désir (1977), l'appel au meurtre s'est teinté de beaucoup d'humour, l'amour fou est devenu plus discret ; la révolte contre l'ordre établi, y compris l'ordre symbolique, n'a jamais cessé.

Tristan, Yseult et le Divin Marquis

Ouverture sur une brève séquence de faux documentaire (sur les scorpions). Des bandits, en guenilles, désœuvrés, dans une cabane près d'une côte rocheuse ; ils ont à faire face à l'arrivée des Majorquins, foule composite d'officiels, de militaires, d'ecclésiastiques venus poser la première pierre d'un monument. En marge de la célébration, un couple s'enlace dans la boue ; on arrête l'homme, que l'on retrouve plus tard – après un détour par « Rome » (suite de plans montrant des actions étranges) –, entre deux policiers, tandis que la femme, chez elle, semble en communication télépathique avec lui. S'étant fait reconnaître comme un homme important, l'homme se rend à une soirée mondaine, où d'autres incidents incongrus se produisent. Il y retrouve la femme, mais leur élan réciproque ne cesse d'être empêché. Le film se conclut par une séquence reprenant la fin des 120 Journées de Sodome, de Sade.

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle, directeur d'études, École des hautes études en sciences sociales

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