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L'ÂGE D'OR DE L'INDE CLASSIQUE. L'EMPIRE DES GUPTA (exposition)

Fondée vers 319-320 par Candragupta Ier sur les ruines de l'empire Kushāna, la dynastie des Gupta (ive-vie siècles) est considérée à juste titre comme l'apogée de la civilisation indienne. La majestueuse et inédite exposition présentée au Grand Palais à Paris du 4 avril au 8 juillet 2007, en a dévoilé, à travers 110 chefs-d'œuvre, la genèse, la maturité et le rayonnement.

Issus comme les souverains Maurya – première grande dynastie historique indienne, aux ive-iie siècles avant notre ère – des contrées septentrionales du sous-continent, les rois guerriers gupta étendent leur pouvoir grâce à la puissance militaire et à l'habileté politique de Samudragupta (vers 335-375) et de Candragupta II (vers 375-415), à partir de leur capitale, l'antique cité de Pạ̄taliputra, actuelle Patna, dans tout le nord du pays, du Bangladesh à l'est aux rivages de la mer d'Oman à l'ouest. C'est sur cet immense territoire, plus tard envahi par les Huns Hephtalites, que s'épanouit une civilisation merveilleuse, parangon de toute la culture indienne, qu'il s'agisse de la pensée religieuse, des sciences, de la littérature, des arts ou du théâtre, atteignant un raffinement et une délicatesse jamais égalés.

Accueilli par une série de monnaies d'or qui figurent parmi les plus beaux exemples de la numismatique indienne, le visiteur découvre par la suite les œuvres monumentales des écoles de Mathura et de Sārnāth, foyers éminemment religieux propices à la création sculpturale. Si le premier se distingue par l'emploi d'un grès rose, le second lui préférant un grès beige, tous deux établissent pour les siècles à venir les canons esthétiques du classicisme indien. Les représentations de Śiva, Vịṣnu, Buddha ou encore des divinités jaïnes rivalisent de finesse dans leurs robes aux plis concentriques et ordonnés, leurs yeux mi-clos, leurs sourcils fortement arqués, leurs abondantes et délicates parures, leurs coiffures aux boucles sages, leurs modelés de visages adoucis et épurés aux lèvres charnues dessinant un léger sourire. Probablement peintes de couleurs vives aujourd'hui disparues, ces œuvres montrent une majesté, une solennité et une perfection spirituelle troublantes. Cette beauté, sans précédent dans l'art indien, s'étend au vie siècle vers les sites plus méridionaux de Deogarh ou Bhumārā, comme en témoigne un beau Ganesha provenant d'une chapelle annexe d'un temple de Śiva, puis, après la chute de l'empire gupta, au Népal, en Asie du Sud-Est et en Asie centrale.

Si l'un des intérêts majeurs de l'exposition est de nous faire découvrir les chefs-d'œuvre de la dynastie et la longévité d'un style, présent dans tout le monde oriental, l'un de ses autres mérites est de nous dévoiler l'art fragile de la terre cuite. Éléments de décors architecturaux de temples ou de monastères souvent détruits, ces reliefs et rondes-bosses, de petites têtes moqueuses et expressives, illustrent des saynètes du Rāmāyạna ou du Mahābhārata, les deux grandes épopées indiennes, ou des scènes de la vie quotidienne, telle cette femme aux courbes sensuelles sur sa balançoire. Étonnante de fraîcheur et de verve anecdotique, la terre cuite donne une très bonne idée des arts décoratifs, du décor architectural, des parures, des vêtements et des coiffures alors en vogue. Par ailleurs, trois des sept œuvres bouddhiques découvertes dans la cache de Phophnar Kalan mettent brillamment en scène la sculpture de métal, rare et précieuse. Réalisées par la technique de la fonte à la cire perdue, à partir d'un alliage cuivreux, autrefois peintes et dorées, ces réalisations de petites dimensions soulignent la grâce minutieuse avec laquelle étaient confectionnés les objets de culte.

En effet, soucieux d'avoir un royaume équilibré[...]

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Écrit par

  • : diplômée de l'École du Louvre, doctorante en histoire médiévale à l'École des hautes études en sciences sociales, Paris

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