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L'ÂGE D'OR DE LA PEINTURE DANOISE (1801-1864) (exposition)

L’essor du sentiment national

Alors que la monarchie, ruinée, ne fait plus guère de commandes d’œuvres, la vie artistique trouve un soutien nouveau auprès d’une bourgeoisie enrichie de marchands, d’universitaires et de fonctionnaires, dans un contexte de redressement économique. Cette société principalement luthérienne aime décorer ses intérieurs confortables mais sans opulence de petits tableaux qui reflètent une conception de l’existence centrée sur la famille – le droit à la vie privée entre dans la Constitution danoise en 1849 –, sur la vie citadine et la nature – un répertoire analogue à celui de la peinture des Pays-Bas… Les portraits, notamment d’enfants (Christen Købke, Johan Jacob Krohn enfant, 1846, Stockholm, NM) ou de famille (Emilius Bærentzen, Portrait de famille, 1828, Copenhague, SMK) sont particulièrement appréciés.

<em>Vue de Dosseringen</em>, C. Købke - crédits : Fine Art Images/ Heritage Images/ Getty Images

Vue de Dosseringen, C. Købke

L’observation de la nature héritée d’Eckersberg et la pratique de la peinture de plein air stimulent une curiosité nouvelle pour les sciences, la botanique, la géologie, voire la médecine (Wilhelm Bendz, Tumeur de la regio pattellaris [genou], 1829, Copenhague, musée d’Histoire de la médecine) et les échanges entre artistes et savants que permet la petite société de Copenhague. Le renouveau du paysage est également lié au nouveau statut de l’artiste, libre du choix de ses sujets et de ses mises en page : le paysage danois se singularise par des cadrages inédits, des vues en surplomb et en gros plan (Christen Købke, Une des petites tours du château de Frederiksborg, vers 1834-1835, Copenhague, Designmuseum Danmark) et, last but not least, l’utilisation fréquente de la fenêtre ou de la porte comme cadre de la composition. Et puis un essor du sentiment national, alimenté par les tensions avec l’Allemagne mais aussi les théories de Herder sur les caractères nationaux va encourager l’essor d’un « scandinavisme » ouvert sur la Suède : paysages campagnards et littoraux (Johann Thomas Lundbye, Kitnæs près du fjord de Roskild, 1843, Copenhague, SMK), traditions et vie populaire et citadine où s’illustre le peintre Wilhelm Marstrand (Fidèles arrivant en barque à l’église de Leksand, sur le lac Siljan en Suède, 1853, Copenhague, SMK).

La peinture d’histoire existe, mais il faut la rechercher dans les châteaux et les églises : représentée ici par des tableaux religieux d’esprit nazaréen et ingresque, et par un mythe scandinave (Constantin Hansen, Le Banquet d’Ægir, 1857, Copenhague, SMK), elle est cependant omniprésente, « dissimulée dans les détails », les objets emblématiques des ateliers d’artistes et les collections d’antiques, comme l’explique Anne Schram Vejlby dans une étude très pertinente du catalogue. Les guerres du Schleswig vont lui donner l’actualité du reportage (Jorgen Sønne, Le Matin après la bataille d’Isted le 25 juillet 1850, 1876, Copenhague, SMK).

— Robert FOHR

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<em>Vue de Dosseringen</em>, C. Købke - crédits : Fine Art Images/ Heritage Images/ Getty Images

Vue de Dosseringen, C. Købke