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AMI DU PEUPLE L'

Marat fonde, le 12 septembre 1789, Le Publiciste parisien qui prend très vite le titre plus significatif de L'Ami du peuple et la devise Vitam impendere vero (« Consacrer sa vie à la vérité »). C'est une publication de huit à seize pages de petit format, rédigée tout entière par le seul Marat, et qui a plus la forme d'un pamphlet périodique que d'un quotidien d'information. Aussi bien, du fait des nombreuses poursuites qui accablent Marat et qui le forcent à se cacher et même à se réfugier à deux reprises pendant plusieurs mois en Angleterre, L'Ami du peuple a une parution assez irrégulière marquée par de longues interruptions (janv.-mai 1790 ; 1791-avr. 1792) pendant lesquelles des concurrents déloyaux ou des ennemis publient des imitations du journal. Élu député à la Convention, Marat, qui s'illustre très peu à l'Assemblée, change le titre de sa feuille qui s'appelle Le Journal [puis Le Publiciste]de la République française ; le dernier numéro paraît le 14 juillet 1793, le lendemain même de l'assassinat de Marat par Charlotte Corday.

Les tirages sont irréguliers ; ils dépassent parfois 5 000 exemplaires. Le journal de Marat a une importance considérable : le radicalisme de ses positions, la lucidité aussi de ses jugements sur les forces contre-révolutionnaires, mais surtout la violence de ses appels à l'action directe et à l'élimination des modérés servent souvent de guide aux revendications et aux manifestations des masses populaires. L'Ami du peuple est un excellent exemple de la puissance de la propagande extrémiste en période de crise : il est, en plus d'un sens, l'organe des minorités agissantes qui font les grandes journées révolutionnaires des 5 et 6 octobre 1789, du 17 juillet 1791, du 10 août 1792, les massacres de septembre 1792 et la chute des Girondins au printemps de 1793.

Mais Marat est plus qu'un agitateur : au milieu de la violence et des troubles, et par-delà même les excès et les désordres de son caractère, il sait, grâce à son journal, exprimer les aspirations des sans-culottes à une remise en cause radicale de l'ordre social.

— Pierre ALBERT

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Écrit par

  • : professeur émérite de l'université Panthéon-Assas

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