Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

L'AMOUR FOU, André Breton Fiche de lecture

À l'instar de Nadja, publié neuf ans plus tôt et dont il est à la fois le prolongement et le versant opposé, L'Amour fou est un ouvrage inclassable, qui mêle réflexions théoriques, récit autobiographique et poésie pure, le tout accompagné d'illustrations photographiques. Véritable « livre culte », il compte parmi les œuvres réputées « à vivre » plus encore qu'à lire, et qui, au-delà même de leur impact littéraire, auraient le pouvoir de déterminer des comportements, d'influencer des existences. Le pouvoir, et peut-être l'objectif, si l'on se souvient que aux yeux des surréalistes, nulle œuvre d'art ne valut jamais la vie même, comme le suggérait déjà fortement André Breton (1896-1966) dans Le Manifeste du surréalisme(1924) : « Qu'on se donne seulement la peine de pratiquer la poésie. »

D'un traité du hasard au récit d'une rencontre

Paru en février 1937 à la N.R.F., L'Amour fou se compose de sept chapitres dont les cinq premiers avaient fait l'objet d'une prépublication en revue, entre décembre 1933 et août 1936. Ce n'est qu'à cette date que Breton, frappé de la proximité de textes indépendants à l'origine, eut l'idée de les réunir en un volume, complété de deux autres textes rédigés à la hâte. Les trois premiers chapitres abordent le thème général de la rencontre. C'est d'abord une méditation sur l'amour et la « beauté convulsive » sur laquelle s'achevait Nadja, méditation entrecoupée de scènes fantasmatiques et d'anecdotes réelles. Breton commente ensuite les résultats d'une enquête effectuée auprès des lecteurs de la revue Minotaure (« Pouvez-vous dire quelle a été la rencontre capitale de votre vie ? »). C'est l'occasion d'une série de réflexions sur un thème clé du livre : le hasard, qui se prolonge par le récit d'une promenade au marché aux Puces avec Alberto Giacometti, au cours de laquelle chacun fait une « trouvaille », un objet étrange et mystérieux qui, d'une certaine façon, vient combler un manque. Vient alors le moment de la rencontre amoureuse proprement dite : dans le chapitre IV, l'auteur rapporte sa longue traversée nocturne de Paris en compagnie d'une jeune femme « scandaleusement belle » dont il vient de faire la connaissance et qui va devenir sa femme. Peu après, il constate les « bouleversantes concordances » entre ce qu'il vient de vivre et un poème écrit plus de dix ans plus tôt, « Le Tournesol ». Le chapitre suivant évoque un séjour du couple à Ténériffe, précisément dans les jardins d'Orotava, véritable lieu paradisiaque. En contrepoint, au chapitre VI, lors d'une marche en Bretagne, leur amour connaît une ombre passagère, qui se révélera un peu plus tard, aux yeux de Breton, avoir été provoquée par l'influence pernicieuse du lieu, jadis théâtre d'un assassinat. Enfin, l'ultime chapitre est une lettre adressée par l'auteur à sa fille – surnommée Écusette de Noireuil, alors âgée de huit mois –, pour qu'elle la lise lorsqu'elle aura seize ans.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Autres références

  • BRETON ANDRÉ (1896-1966)

    • Écrit par
    • 4 872 mots
    • 1 média
    ...d'« une étoile nouvelle » ; il rencontre et épouse Jacqueline ; une fille, Aube, leur naît en 1935. Après les poèmes de L'Air de l'eau (1934), L'Amour fou (1937), où l'écrit porté par l'existence même la commande à son tour, montre avec éclat un des caractères singuliers de l'œuvre de Breton...