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ART DE LA MODE L', revue

La longue existence de ce journal de luxe (1881-1972) illustre la mutation opérée depuis cent ans par les journaux de mode. En 1880 les journaux les plus diffusés, La Mode illustrée, Le Moniteur de la mode, ont perdu tout caractère artistique, et l'édition française est concurrencée par la presse viennoise. Néanmoins il existe en France un courant littéraire intéressé par la mode et là où Mallarmé avait échoué dix ans plus tôt, Ernest Hoschedé réussit en septembre 1881 avec L'Art de la mode. Cette superbe revue de trente-deux pages sur grand in-quarto est une réussite face à des concurrents comme La Vie élégante de 1882-1883 illustrée par Félicien Rops. Le rédacteur « Étincelle » s'est assuré la collaboration d'Edmond de Goncourt, de Ludovic Halévy, d'Henri Meilhac, de Jules Claretie, d'Arsène Houssaye et de Théodore de Bainville. Elle est illustrée de vignettes et de très beaux hors-texte de Bigot, de Norbert Goeneutte, de Madeleine Lemaire, de Louis Leloir et d'Alfred Stevens. Les dessins de mode proprement dits sont de petites silhouettes à la plume campées par F. de Rose qui rappellent les figures des journaux du xviiie siècle. En 1883 le titre devient L'Art et la mode, journal de la vie mondaine, sous la direction de H. de Hem (le pseudonyme de Henri de Montaut), avec une page de titre gravée d'une composition de dessins des collaborateurs, disposés en cartes à jouer, par Ferdinand Bac. Le journal a trouvé la formule qui restera la même jusque vers 1910. Nous y trouvons les noms de Coppée, Bachaumont, Gourdon de Genouillac, Edmond Daudet et de peintres tels que Henri Beraud et Édouard Detaille. Bac croque les événements mondains sur une double page, et les rubriques s'intitulent : « À travers l'art », « Art et chiffons », « Galerie des hommes du monde », avec des croquis de Gillot et des hors-texte de Marie de Solar. Directeur en 1889, Charles Chantel conserve toutes ces rubriques jusqu'en 1922. Si les arts y occupent encore une large place grâce aux photogravures reproduisant les tableaux du Salon, les « mondanités » deviennent envahissantes. Fouquières et Paul Géraldy y écrivent alors. À partir de 1920 l'ancienne couverture est reléguée dans un angle et remplacée par un dessin d'A. Soulié souvent tiré en deux tons. Après la reprise du journal par Géo Dorival en 1922, les jolis bandeaux des rubriques disparaissent au profit d'un style plus géométrique et de rubriques exclusivement consacrées à la mode. Enrichi de photographies, le journal conserve cette présentation pendant les années trente. Dès 1933, la publicité est gérée par Denise Rigaut, qui épouse le photographe Georges Saad et devient secrétaire générale du journal en 1940. Avec des correspondants dans plusieurs pays, L'Art de la mode devient un concurrent de Vogue et publie grâce à l'agence Georges Saad des photographies des modèles exclusifs des couturiers français. Les dessinateurs ne sont pas oubliés, car en 1951, sous la direction de Denise Saad, l'on trouve les noms de Blossac, Bosc, Demachy. Le journal s'adresse alors au même public que L'Officiel de la couture. Dirigée par Saad jusqu'en 1967, la revue disparaît peu après 1968.

— Françoise TÉTART-VITTU

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Écrit par

  • : diplômée d'études approfondies d'histoire de l'art, chargée de mission au musée de la Mode et du Costume, palais Galliera

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Autres références

  • DRIAN ADRIEN DÉSIRÉ ÉTIENNE dit (1885-1961)

    • Écrit par
    • 766 mots

    Dessinateur, graveur et décorateur, Drian est l'interprète talentueux de la mode Art déco dans ce qu'elle a de nerveux, d'éphémère. Venu à Paris vers 1898, Drian s'oriente bientôt vers l'illustration ; ses compositions, publiées dans L'Art et la mode, sont...