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L'ART PRÉHISTORIQUE DES PYRÉNÉES (exposition)

Le musée des Antiquités nationales garde dans la profondeur de ses salles les objets d'art les plus prestigieux de la préhistoire française. Peu montrés car fragiles, ces objets étaient surtout connus par les publications. Plusieurs découvertes récentes (grotte Cosquer et grotte Chauvet) ont vivifié l'intérêt pour l'art des sociétés de chasseurs de rennes du Paléolithique supérieur. C'est donc dans un contexte d'interrogations que l'exposition consacrée aux objets d'art mobilier des Magdaléniens pyrénéens a apporté son exceptionnelle contribution (2 avr.-8 juill. 1996).

La conception de l'exposition, œuvre de Marie-Hélène Thiault, conservateur du département de Préhistoire au musée des Antiquités nationales, et de Jean-Bernard Roy, conservateur en chef du musée régional de Préhistoire de l'Île-de-France, assistés de Dominique Buisson, rendait évidente, tant par le choix des objets que par leur présentation, les questions qui s'imposent à chacun devant ces chefs-d'œuvre d'une grande valeur esthétique (pas tous cependant) selon nos normes, mais surtout chargés d'un sens, d'une présence humaine qui se perçoit dans la complexité de l'exécution, dans le raffinement des détails et dans la manipulation que révèlent les patines et traces d'usage.

Le choix du domaine pyrénéen a été motivé par la présence depuis 1904 au musée des Antiquités nationales de la célèbre et trop discrète collection Piette, présentée dans la salle Édouard-Piette. Piette avait exploité les meilleurs gisements des Pyrénées, souvent par ouvriers interposés. Les objets de sa collection, s'ils sont dépourvus de référence stratigraphique précise, sont à coup sûr magdaléniens. Les collections R. de Saint-Perier (Isturitz) et Romain Robert (grotte de La Vache) fournissent des objets magnifiques enrichis d'un meilleur contexte stratigraphique.

Depuis Édouard Piette, les recherches ont largement démontré la valeur intellectuelle et artistique de la puissante société magdalénienne établie des deux côtés des Pyrénées, y compris son extension cantabrique. Le but de l'exposition était de montrer, à travers des objets prestigieux, l'homogénéité fondamentale et les différences locales de l'art mobilier de ces groupes connus également par leurs grottes ornées. Il a donc fallu réunir, en plus des objets français, une série d'œuvres d'art des Magdaléniens implantés sur l'actuel territoire espagnol. Le chemin le plus fréquenté par ces groupes traversait le Pays basque (Isturitz, Abauntz, etc.). Il conduisait au centre magdalénien cantabrique (Altamira, El Castillo, etc.) et dérivait vers le versant sud des Pyrénées centrales (Chaves, etc.). L'extrémité orientale de la chaîne a également permis le passage des Magdaléniens vers la Catalogne.

Cette production artistique culmine pendant une période relativement brève, entre 14500 et 12000 BP, peut-être avec un moment plus intense autour de 13000 BP. Tout ce qui est connu, dans le domaine matériel, habitations en grotte, technologies du silex et du bois de renne, types d'outils, montre qu'il s'agit bien d'une même culture qui évolue lentement sur elle-même dans la longue durée. Sa vaste extension territoriale engendre quelques différences locales, mais il est curieux de constater la mobilité de matières premières (silex), d'objets (coquillages, objets d'art), de certains thèmes. Ce qui suggère une intense fréquentation intergroupe. Il est rare qu'une société préhistorique offre autant de possibilités d'être identifiée, non seulement dans le domaine de ses technologies mais également dans ce qui échappe généralement, le domaine des idées, des croyances, des symboles, des valeurs que traduisent les grottes ornées, la parure et les objets d'art.[...]

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