L'ART RELIGIEUX DE LA FIN DU MOYEN ÂGE EN FRANCE. ÉTUDE SUR L'ICONOGRAPHIE DU MOYEN ÂGE ET SUR SES SOURCES D'INSPIRATION (É. Mâle) Fiche de lecture
Après le succès remporté par son livre sur L'Art religieux du XIIIe siècle en France. Étude sur l'iconographie du Moyen Âge et sur ses sources d'inspiration (Armand Colin, Paris, 1898) et alors qu'il enseigne à la Sorbonne, Émile Mâle (1862-1954) approfondit son étude sur l'art du Moyen Âge en France par l'examen des xive et xve siècles et le début du xvie siècle. À la différence du précédent volume, centré sur la France, il replace celui sur la fin du Moyen Âge dans un environnement spatial plus large, qui inclut la rive orientale de la Méditerranée et les communes urbaines de l'Italie du Nord et du Centre, qui ont servi d'intermédiaires en Europe. De même, s'il avait beaucoup étudié l'importance de la doctrine chrétienne pour la formation de l'art gothique, il privilégia, pour l'art de la fin du Moyen Âge, le pathétique et son influence.
Deux grandes parties rythment l'ensemble : la première est consacrée à l'art historique, qui saisit le grand mouvement des formes dans le temps des échanges, avec l'Italie pour l'iconographie religieuse, avec le théâtre liturgique pour l'invention, avec la société pour le pathétique, la tendresse humaine et le culte des saints ; la seconde partie traite des rapports entre l'art religieux et la vie la plus quotidienne, qu'Émile Mâle nomme « la destinée humaine » et qui l'amène à considérer les images des vices et des vertus, de la mort et du trépas, de la tombe et du tombeau, du jugement de Dieu et des fins dernières.
La redécouverte du monument
Comme il l'avait fait pour l'art du xiiie siècle, Émile Mâle met en valeur le rôle complexe de l'Église à la fin du Moyen Âge et redéfinit, à partir du discours des théologiens ou des clercs, l'espace vécu de l'église comme lieu de culte et de relation à Dieu. Tout en élucidant la signification des monuments et de leurs décors sculptés, il introduit son lecteur à l'intérieur des dévotions religieuses et des nouvelles exigences de la piété, celle des moines, des ordres religieux mendiants et des simples laïcs : œuvres peintes, retables d'autel, orfèvrerie et art sacré, tous les supports lui servent à faire voir et à faire comprendre les relations entretenues avec le peuple. Car, pour lui, l'art monumental est l'ensemble dans lequel toutes les autres manifestations doivent être insérées, comme les parties dans le tout, parce qu'il pense, avec d'autres historiens de l'art, ses contemporains, notamment Jean Adhémar, que l'apport de la culture populaire, « l'âme de la France », se laisse plus facilement cerner dans le monument. Sans fournir encore une approche des lieux de la mémoire nationale, Émile Mâle se montre très soucieux de ce que l'on appelle, depuis les années 1880-1914, les « monuments historiques » (Françoise Bercé, Des monuments historiques au patrimoine, du XVIIIe siècle à nos jours, Flammarion, Paris, 2000).
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Daniel RUSSO : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de l'Université, ancien membre de l'École française de Rome, professeur d'histoire de l'art médiéval à l'université de Bourgogne
Classification