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L'ASSOMMOIR, Émile Zola Fiche de lecture

<it>Émile Zola</it>, É. Manet - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Émile Zola, É. Manet

Dans Le Crépuscule des Idoles (1889), Friedrich Nietzsche émet ce jugement laconique et définitif : « Zola, ou le plaisir de puer ». C'est ce que durent penser les premiers critiques de l'Assommoir, qui firent au roman un succès de scandale. La réprobation fut à peu près unanime : à droite, on fustigeait cette « littérature de l'ordure » ; à gauche, on s'offusquait d'une vision aussi désespérante du monde ouvrier. À ses détracteurs qui se bouchaient le nez, Émile Zola (1840-1902) donnait d'ailleurs raison, en répliquant dans le même registre : « L'Assommoir est [...] une œuvre de vérité, le premier roman sur le peuple qui ne mente pas et qui ait l'odeur du peuple » (Préface).

Grandeur et décadence de Gervaise Macquart

Publié dans sa version intégrale et définitive chez Charpentier en 1877, septième roman de la série des Rougon-Macquart, L'Assommoir a d'abord paru en feuilleton au cours de l'année 1876, dans Le Bien public, puis dans La République des Lettres. Composé de treize chapitres, divisés en deux ensembles symétriques, de part et d'autre d'un sommet (le chapitre vii), le récit raconte l'ascension, puis la chute de Gervaise Macquart, jeune ouvrière montée de Plassans, en Provence, à Paris en compagnie de son amant, Auguste Lantier. Le roman s'ouvre sur un départ : après l'avoir abondamment trompée, Lantier se décide à quitter Gervaise. Restée seule avec ses deux enfants, Claude et Étienne, la jeune femme finit par céder aux avances de Coupeau, un ouvrier zingueur, avec qui elle s'installe dans un immeuble du quartier de la Goutte d'Or. C'est là que vivent, dans une étouffante promiscuité, la plupart des personnages du livre. Une première fête les réunit : la noce de Gervaise et Coupeau. Malgré l'envie et les médisances, le ménage prospère. Un enfant naît : Nana. Mais Coupeau tombe d'un toit, se blesse et perd son travail. Son état réclame des soins qui engloutissent les économies du couple. L'ancien ouvrier travailleur et sobre traîne désormais au cabaret, et se met à boire. Goujet, le forgeron secrètement amoureux de Gervaise, prête à celle-ci une somme importante pour lui permettre de s'acheter la blanchisserie de ses rêves. Le grand festin du chapitre vii célèbre l'avènement de la nouvelle propriétaire. Pourtant, tous les éléments sont déjà en place pour qu'au triomphe succède bientôt la chute : l'endettement envers Goujet, la métamorphose de Coupeau, devenu ivrogne, le retour de Lantier, la jalousie qui veille... Dès lors, tout se dégrade et sombre irrémédiablement. Gervaise commence à boire à son tour et néglige la boutique, qu'il lui faut bientôt abandonner. Nana grandit et mène une vie dissolue. Coupeau, atteint de délirium tremens, doit être interné et finit par mourir de folie. Gervaise se prostitue, puis, tombée dans le dénuement le plus complet, meurt à son tour.

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<it>Émile Zola</it>, É. Manet - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Émile Zola, É. Manet

Autres références

  • ARGOT

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    • 4 076 mots
    Le chef-d'œuvre de cette littérature populiste est L'Assommoir de Zola (1876) ; avec ce dernier, le bas-langage – on dit désormais l'argot des ouvriers, des faubourgs – accède à la dignité de moyen d'expression littéraire, l'œuvre étant, selon l'auteur lui-même, un « travail philologique...
  • ZOLA ÉMILE (1840-1902)

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    • 3 070 mots
    • 2 médias
    ...Curée (1871), Le Ventre de Paris (1873), La Conquête de Plassans (1874), La Faute de l'abbé Mouret (1875), Son Excellence Eugène Rougon (1876), L'Assommoir (1877). Les audaces de ce dernier roman lui apportent le succès et le scandale. Sa stature de leader d'une nouvelle école romanesque...