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L'ATALANTE (J. Vigo), en bref

D'abord remonté par les producteurs et affublé d'une rengaine à la mode, « Le Chaland qui passe », qui lui donne provisoirement son titre, L'Atalante de Jean Vigo (1905-1934) n'est pas seulement le sommet de l'œuvre trop rare et trop fugace du « Rimbaud du cinéma », comme on l'a surnommé. Le film marque sinon la naissance d'un cinéma d'auteur, qui existait depuis longtemps, du moins celle d'un cinéma « à la première personne », modèle de celui que rechercheront par la suite François Truffaut et ses amis de la future Nouvelle Vague. Le film n'a rien d'autobiographique. Il relève à la fois de la tradition du film de mariniers et du mélodrame conjugal lointainement teinté de bovarysme. Il mêle des éléments aussi disparates que le rêve éveillé, la symbolique et le bric-à-brac surréaliste, la romance populaire, le documentaire social, la gouaille provocatrice à la Céline (où n'entre pas pour rien l'extraordinaire personnage brossé par Michel Simon), les brumes du réalisme poétique, le rejet puritain et l'attrait du monde charnel... Tout cela ne tient ensemble que grâce à l'univers intérieur d'un cinéaste qui accepte de dire « je ». Mutilé par les producteurs lors de sa sortie, le film a retrouvé en 1990 puis en 2002 une forme proche des souhaits de Jean Vigo.

— Joël MAGNY

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Écrit par

  • : critique et historien de cinéma, chargé de cours à l'université de Paris-VIII, directeur de collection aux Cahiers du cinéma

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