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L'ATALANTE, film de Jean Vigo

L'Atalante est un film mythique. C'est le seul long-métrage d'un jeune réalisateur qui meurt à la fin du tournage et dont l'œuvre totale ne dépasse pas trois heures. C'est l'un des deux ou trois plus beaux films français des années 1930 et l'un des premiers chefs-d'œuvre du cinéma parlant. C'est aussi un film maudit qui est d'abord distribué dans une version manipulée et tronquée. Elle est même accompagnée d'une chanson à la mode de Lys Gauty, Le Chaland qui passe, qui devient le nouveau titre du film. Mais dès 1934, les premiers cinéphiles reconnaissent l'originalité de l'œuvre et le génie du cinéaste. On va même nommer celui-ci le « Rimbaud du cinéma ».

Le film va connaître des résurrections successives : en 1940, il retrouve son titre initial et sa musique originale, il est partiellement reconstitué en 1946 avant d'être enfin restauré en 1990.

Jean Vigo (1905-1934) est le fils du militant anarchiste Miguel Almereyda, assassiné dans sa cellule en 1917. Vigo s'est directement inspiré de son enfance en pensionnat pour écrire le scénario de Zéro de conduite (1932), violent pamphlet libertaire, qui sera interdit par la censure jusqu'en 1946. Son premier film est un documentaire d'avant-garde, À propos de Nice, (1929), point de vue documenté où il décrit la cité balnéaire et ses riches touristes avec cynisme et férocité.

La vie sur l'eau

Une sortie de noces à la campagne. Le couple de mariés marche dans les rues du village suivi par un maigre cortège. Un vieux marinier, le père Jules, et son mousse attendent les jeunes mariés et se préparent à les accueillir à bord d'une péniche, L'Atalante. Le couple embarque précipitamment et la péniche quitte le quai, abandonnant la mère de la mariée et les invités sur la berge.

Juliette découvre la vie quotidienne des mariniers et l'étrange trio constitué par le Capitaine, Jean, le vieux matelot, Jules, et le jeune mousse. De nombreux chats courent de tous côtés. La première tâche de Juliette est de laver le linge qui encombre les placards. Elle découvre ensuite l'antre du père Jules qui a entassé dans sa cabine toutes sortes d'objets hétéroclites. Juliette s'ennuie au bout de quelques semaines. Jean l'emmène alors dans une guinguette où ils rencontrent un camelot. Celui-ci revient le lendemain et propose d'accompagner Juliette à Paris. La jeune femme décide d'aller découvrir la ville. Jean, jaloux et furieux, ne veut pas l'attendre et repart. Il va sombrer dans la dépression et le père Jules décide d'aller rechercher Juliette. Il la retrouve, la ramène à la péniche et les époux s'enlacent avec passion.

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

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