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L'ATELIER DE FERRARE, Roberto Longhi Fiche de lecture

Un ouvrage en dehors des normes universitaires

Les textes de Longhi peuvent déconcerter par l'emploi constant de la première personne et par la référence fréquente à des sensations et à des convictions personnelles, affirmées avec une certaine véhémence polémique à l'égard des prédécesseurs et des confrères. L'auteur dialogue avec d'autres connaisseurs, en particulier Bernard Berenson, et avec lui-même, s'autorisant, sur des points mineurs, des changements d'opinion et des révisions. Le style de ces textes, surtout ceux de 1934, surprend également par son caractère flamboyant, métaphorique. Longhi évite le vocabulaire technique spécifique de la peinture, et nous entraîne dans des images poétiques, presque surréelles parfois, destinées à nous faire ressentir l'univers mental d'un artiste. Il est tout aussi impossible de définir, à la lumière de ces textes, une « méthode » de Roberto Longhi, qui semble mû par un empirisme absolu. S'il fait allusion à quelques documents, s'il donne quelques repères sociaux ou chronologiques, il se replie la plupart du temps dans la sphère de l'art comme si chaque peintre était uniquement préoccupé de son propre accomplissement et coupé des contingences économiques, politiques et religieuses, de ses commanditaires et de son public. Enfin, Roberto Longhi ne se soucie nullement d'iconographie. Nous sommes à l'opposé des curiosités et des méthodes d'un Michael Baxandall. Le paradoxe est que le byzantinisme parfois irritant de ses appréciations, leur enjeu apparemment si faible quand il s'agit de maîtres insignifiants constituent cependant la base indispensable à partir de laquelle écrire une histoire de l'art plus synthétique et plus ouverte sur les sociétés de la Renaissance devient possible ; c'est pourquoi les historiens de l'art peuvent lui être reconnaissants d'avoir été cet œil capable de voir et de traduire les traits de style face auxquels d'autres étaient restés aveugles.

— Martine VASSELIN

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Écrit par

  • : ancienne élève de l'École normale supérieure de Sèvres, maître de conférences en histoire de l'art des Temps modernes à l'université de Provence

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