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L'AVARE, Molière Fiche de lecture

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L’Avare, de Molière, est créé sur la scène du Palais-Royal le 9 septembre 1668, avant d’être donné devant la cour à Saint-Germain-en-Laye le 2 novembre, avec Georges Dandin. La pièce renoue avec les grandes comédies en cinq actes sur le modèle du Misanthropeet du Tartuffe, alors que cette dernière œuvre reste toujours frappée d’interdiction. L’Avare est également la deuxième pièce du dramaturge directement inspirée d’une comédie de Plaute.

Amasser ou dépenser ?

La pièce se construit autour du personnage d’Harpagon (interprété par Molière), un vieillard avare qui veut marier sa fille, Élise, au riche Anselme et épouser lui-même la jeune Mariane, aimée de son fils, Cléante. Or Élise aime Valère. Celui-ci se fait l’intendant d’Harpagon pour gagner sa confiance et le manipuler. La situation se complique toutefois lorsque la cassette contenant l’or d’Harpagon disparaît et qu’il accuse Valère du vol. Finalement, Valère et Mariane découvrent qu’ils sont frère et sœur, tous deux enfants d’un certain Don Thomas qui n’est autre qu’Anselme. Tout se termine par un mariage, comme il se doit : Harpagon retrouve son argent et accepte l’union d’Élise et Valère avec le soutien financier de Don Thomas, tandis que Mariane épouse Cléante.

En mettant en scène l’avarice, Molière offrait au public un nouveau caractère comique dans la suite de ses précédents succès, mais il soutenait également l’idée d’un théâtre censé « corriger les mœurs ». Cet argument, imaginé de toutes pièces par Molière pour défendre son Tartuffe, ne reflète en aucun cas l’intention de ses pièces. Il reste que, dans ce contexte polémique, une pièce sur l’avarice soutenait l’idée d’un projet théâtral moral et édifiant. À la différence de la misanthropie, l’avarice n’est pas, en effet, comme la misanthropie, un simple défaut mondain mais un péché capital, considéré à ce titre par les Pères de l’Église comme source de tous les maux.

Molière trouvait aussi dans l’avarice un sujet au cœur de l’actualité. D’une part, la destitution spectaculaire en 1661 de Nicolas Fouquet, surintendant des finances, est un symptôme des nombreuses affaires de vol et de manipulations financières qui éclatent tout au long de la décennie. D’autre part, l’idéal galant des années 1660, ses fêtes, ses réunions et ses dépenses somptuaires supposent un train de vie dans lequel on ne compte jamais l’argent. Les questions financières et d’emprunt à crédit sont donc à la fois partagées par toute une élite, mais également source de malaise collectif, rendant une pièce sur l’argent d’autant plus percutante Enfin, en ridiculisant l’avarice et l’appât du gain, Molière renforce la distinction entre une noblesse et une bourgeoisie aux moyens financiers grandissants, capable de s’élever dans la hiérarchie par l’acquisition de charges.

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  • MOLIÈRE (1622-1673)

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    ...d’exploration intense sur le plan esthétique. D’une part, Molière tente diverses formules, de la comédie à portraits mondains (Le Misanthrope, 1666) au « réalisme » de L’Avare (1668). D’autre part, il met sur pied des spectacles exigeants du point de vue de la machinerie, comme, en 1665, ...