L'AVVENTURA, film de Michelangelo Antonioni
Malgré l'injustice d'une telle formule, on pourrait dire que L'Avventura est le véritable premier film d'Antonioni, en tout cas celui dont le style et le ton nous semblent toujours le mieux « coller » à l'image de ce cinéaste à l'élégance aristocratique. La production pourtant en fut laborieuse. Après l'échec du Cri (Il Grido, 1957) devant la presse et le public italiens, le cinéaste était démoralisé. Son scénario paraissait incompréhensible et lacunaire aux producteurs (tous lui demandèrent, au moins, d'expliquer la disparition d'Anna). Il dut emprunter pour commencer à tourner, au jour le jour, avec des acteurs évanescents.
Il fut sauvé par le succès du Cri en France (dont témoigna un bel article d'Alexandre Astruc dans L'Express), qui convainquit le magnat de la presse Cino Del Duca de produire ce nouvel Antonioni. Le film, copieusement sifflé à Cannes par un public de philistins, y obtint trois prix dont le prix spécial du jury ; il fut couronné par près d'une douzaine d'autres prix en 1961, dans le monde entier, et devint aussitôt le film mythique qu'il est resté.
De la difficulté d'aimer
Claudia vient chercher chez son père, dans la banlieue de Rome, son amie Anna ; elles vont retrouver Sandro, l'amant d'Anna, ex-architecte reconverti en conseiller pour un grand cabinet, qui les emmène en croisière, avec une demi-douzaine d'autres amis, dans l'archipel des Lipari (îles Éoliennes). Le bateau mouille devant la petite île de Lisca Bianca, mais au moment de repartir, Anna a disparu. Tous la cherchent, sans succès ; les gendarmes, alertés, mènent une enquête de routine, infructueuse aussi.
Sandro et Claudia, restés ensemble pour chercher Anna, tombent dans les bras l'un de l'autre, malgré les scrupules de la jeune femme. Ils se séparent, lui poursuivant l'enquête, elle allant rejoindre leurs amis dans la villa du patron de Sandro. Mais elle n'y tient pas, et part retrouver Sandro. Ils s'avouent leur attirance réciproque, et leur quête d'Anna se transforme en errance sentimentale. Finalement, ils rejoignent la bonne société dans un immense palace où a lieu une soirée. Fatiguée, Claudia se couche de bonne heure ; au petit matin, elle trouve Sandro en compagnie d'une demi-mondaine avec qui il a passé la nuit. Sandro et Claudia pleurent de concert.
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Écrit par
- Jacques AUMONT : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle, directeur d'études, École des hautes études en sciences sociales
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Autres références
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