L'ENFANT ET LA VIE FAMILIALE SOUS L'ANCIEN RÉGIME, Philippe Ariès Fiche de lecture
Une référence pour l'histoire des mentalités
L'accueil discret, sinon froid, que les historiens réservèrent à cet ouvrage dès sa parution tient sans doute à l'avant-gardisme d'une thèse qui remettait en cause un sentiment aussi naturel en apparence que l'attachement des parents à leurs enfants. D'un point de vue plus scientifique, les critiques soulignèrent les insuffisances liées aux présupposés de sa démarche et à la faiblesse de son appareil démonstratif. Les excès interprétatifs d'une démarche fondée sur des sources iconographiques et des données disparates et décontextualisées, l'arbitraire de la datation de la découverte de l'enfance en réalité antérieure à l'époque classique, l'oubli de l'histoire du nourrisson et enfin une conception fixiste de la psychologie limitent les conclusions d'un ouvrage dont le grand mérite est d'avoir ouvert un nouveau champ de réflexion sur un objet encore méconnu dans les années 1960.
Ainsi s'expliquent, au-delà de jugements parfois sévères, le succès et l'influence durable d'un travail original centré sur l'historicité des catégories mentales dans un esprit qu'on rapprochera de celui adopté par la suite par Michel Foucault. Aussitôt traduit en anglais, l'ouvrage valut à l'auteur une renommée internationale, notamment aux États-Unis où il fit écho à la crise des valeurs familiales que ce pays connaissait dans les années 1970. En France, L'Enfant, très souvent cité et plusieurs fois réédité, ouvrit des pistes nouvelles de recherche et un renouvellement des intérêts des travaux en histoire de la famille, et participa à la reconnaissance académique tardive de son auteur.
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Écrit par
- Éric LETONTURIER : docteur en sociologie, D.E.A. de philosophie, maître de conférences à l'université de Paris V-Sorbonne
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