L'ENVERS DE L'HISTOIRE CONTEMPORAINE, Honoré de Balzac Fiche de lecture
Dernière œuvre écrite et achevée par Honoré de Balzac (1799-1850), L'Envers de l'histoire contemporaine ne paraît en volume qu'après sa mort. C'est néanmoins assez tôt qu'il a l'idée de ce roman dont il rédige et fait paraître dans la presse la première partie, Madame de la Chanterie, entre 1842 et 1844. Il passe ensuite à d'autres chantiers, mais ne perd pas de vue la suite qu'il entend donner à un récit qui aura pour titre Les Frères de la Consolation. Ainsi, dans la Préface de Splendeurs et misères des courtisanes, en 1844, il annonce que « l'auteur prépare comme contrepoids et comme opposition un ouvrage où se verra l'action de la vertu, de la religion et de la bienfaisance au cœur de cette corruption des capitales ». Mais ce n'est qu'en 1848 qu'il en publie la seconde partie, L'Initié. Dans l'édition posthume de 1854, le roman au complet recevra son titre actuel, finalement retenu par Balzac et, conformément à sa volonté, prendra place à la fin des Scènes de la vie parisienne.
« L'École des bienfaiteurs »
Jeune homme ambitieux, mais velléitaire, Godefroy n'a connu que des revers et, en 1836, a dilapidé une bonne part de sa fortune. Contraint de mener une existence modeste, il visite un logement dans une vieille maison de l'île de la Cité. Frappé par l'austérité du lieu, la sérénité et l'aura de sa propriétaire, Madame de la Chanterie, il décide d'y refaire sa vie. Il est vite saisi par l'atmosphère de mystère et de religiosité qui règne dans la maison, et par l'étrangeté de ses occupants qu'il croit faire partie d'une conspiration royaliste. Un des pensionnaires lui révèle que la rue Chanoinesse abrite le siège d'une société secrète dont l'objectif est de faire le bien et dont l'âme est la baronne de la Chanterie. Celle-ci est devenue « la reine de la charité parisienne » après une longue suite de malheurs. Mariée à un noble dépravé qui l'a ruinée, elle a connu la misère. Après la Révolution, elle a retrouvé son rang, mais a marié sa fille à un homme criblé de dettes qui a disparu. Enfin, les deux femmes furent accusées d'avoir participé à un acte de brigandage camouflé en complot royaliste. Malgré leur innocence, l'acharnement du procureur Bourlac a conduit la mère en prison et la fille à l'échafaud.
Désireux d'appartenir à cette société de charité, Godefroy est chargé par elle d'une mission où il devra faire ses preuves : enquêter sur une famille réduite à la misère et chercher par quels moyens l'aider. Ancien magistrat, Monsieur Bernard a épuisé sa fortune à soigner sa fille Vanda, atteinte d'une grave affection des nerfs qui provoque des paralysies, des phobies et des troubles du comportement. Seul un médecin polonais pourrait la guérir. Mais les honoraires qu'il exige sont hors de portée du père, qui consacre ses dernières ressources à maintenir dans la chambre de sa fille un cadre luxueux, propice à son équilibre nerveux. Godefroy se charge alors de la rémunération du médecin qui fait entrer Vanda dans sa clinique. De plus, il aide le père de la jeune femme à publier un ouvrage de droit qui lui assure la prospérité. Ayant accompli son initiation, il peut être intronisé parmi les Frères de la Consolation. Un jour, il croise Vanda, guérie et devenue riche, et son père. Celui-ci, qui souhaite connaître ses bienfaiteurs pour les remercier, lui révèle sa véritable identité : il s'agit du baron Bourlac, le bourreau de la fille de Mme de la Chanterie auquel cette dernière, en « véritable sainte », accorde finalement son pardon.
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Écrit par
- Philippe DULAC : agrégé de lettres modernes, ancien élève de l'École normale supérieure
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