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L'ESPRIT FRANÇAIS. CONTRE-CULTURES, 1969-1989 (exposition)

Libérer la parole

Enfin, il faut dire un mot de ce qui constitue peut-être le plus fort point d’intérêt de cette exposition : l’accent mis par les commissaires sur le mode de communication caractéristique de la période envisagée, anticipant l’entrée dans l’ère d’Internet, du Web et des réseaux. Le tract, le fanzine, le film super-8 ou 16 mm, la bande dessinée détournée dans l’esprit du situationnisme des années 1950-1960, les radios libres, l’émission de télé polémique dans le style du fameux Droit de réponse de Michel Polac, la pochette de disque, le sketch parodique voire absurde (Pierre Desproges)… La vraie richesse politique de la culture post-1968, autant que dans ses contenus, pourrait bien résider dans cette exploitation maximale de la sphère communicationnelle.

Au-delà des polémiques sur sa qualité ‒ elles n’ont pas manqué, le principal reproche qui lui a été fait étant la focalisation sur l’« ambiance », plus que sur les mouvements de fond ‒, il faut voir cette exposition comme un grand tableau panoptique. S’y dessine à vue le panorama d’une énergie réelle quoique triste jusqu’au cynisme. En filigrane, on voit s’y exprimer ce qui fonde l’esprit français, s’il est sûr qu’il existe bien : l’obsession de la liberté, la volonté de ne pas s’en laisser compter par quelque pouvoir que ce soit. Au risque de la naïveté ou de l’exubérance spectaculaire, ces deux faciles contournements de la realpolitik, la seule pour l’essentiel qui fasse bouger les lignes.

— Paul ARDENNE

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Écrit par

  • : maître de conférences à la faculté des arts d'Amiens, critique d'art, historien de l'art, écrivain

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