L'ESTRO ARMONICO (A. Vivaldi)
À la fin du xviie siècle, Arcangelo Corelli fixe la forme du concerto grosso, dans lequel un petit ensemble de solistes, le concertino, s'oppose à la masse de l'orchestre. Le concerto de soliste va naître de ce concerto grosso par réduction de l'effectif du concertino. S'il n'en est pas l'inventeur, Antonio Vivaldi en impose la forme avec L'Estro armonico, publié en 1711. Ce prestigieux recueil de douze concertos pour cordes comportant des combinaisons instrumentales hardies (un, deux ou quatre violons avec parfois un violoncelle) présente une concentration de formules rythmiques et mélodiques plus audacieuses les unes que les autres ; la virtuosité de l'écriture n'altère cependant jamais une profondeur marquée par une tension intérieure présente tout au long de l'œuvre. Les nos 3, 6, 9, 12 (pour un violon) et 5 (pour deux violons) sont d'authentiques concertos de solistes. La modernité de ce recueil passionnera des générations de musiciens, au premier rang desquels Jean-Sébastien Bach, qui transcrira six de ces concertos (pour orgue ou pour clavicorde) afin de pouvoir les interpréter avec ses fils ou dans les cafés de Leipzig avec son ami Telemann. Par ses contrastes, le début du Concerto no 11, pour deux violons et violoncelle, est particulièrement fascinant : un canon à deux voix aux deux violons solo débouche brusquement sur quelques mesures du violoncelle solo, qui introduit une longue fugue dont la construction très élaborée a certainement profondément influencé Jean-Sébastien Bach.
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Écrit par
- Juliette GARRIGUES : musicologue, analyste, cheffe de chœur diplômée du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, chargée de cours à Columbia University, New York (États-Unis)
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Média