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L'ÉTHIQUE PROTESTANTE ET L'ESPRIT DU CAPITALISME, Max Weber Fiche de lecture

Après une série de travaux consacrés à l'Antiquité et au Moyen Âge, ainsi qu'à l'état économique et social de l'Allemagne wilhelminienne, Weber, libéré des tourments que lui infligent les charges d'un enseignement régulier, entame, à partir de 1904, des recherches sur la sociologie des religions qu'il poursuivra jusqu'en 1920. Sous l'impulsion de l'ouvrage Der moderne Kapitalismus (1902) de W. Sombart et du débat qui s'installe, autour des contributions de E. Gothein, W. Wittich et G. Jellinek, sur les rapports existant entre le capitalisme et le protestantisme, il publie dans les tomes XX et XXI de la revue Archiv für Sozialwissenschaft und SozialPolitik (1904-1905) un premier article rédigé avant et après son voyage aux États-Unis (été 1904), puis, l'année suivante, un second traitant plus spécifiquement de la question des sectes protestantes. Après de multiples réponses aux vives critiques (F. Rachfahl, L. Brentano) suscitées par ces textes et la publication de l'Éthique économique des religions mondiales (1915-1920), Weber, encouragé par la proximité de ses analyses avec celles menées par E. Troeltsch dans Die Soziallehren der christlichen Kirchen und Gruppen (1912), entreprend finalement le remaniement de l'ensemble de ses productions sur la thématique religieuse et les regroupe en 1919-1920 dans ses Gesammelte Aufsätze zur Religionssoziologie. L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme n'en est qu'une traduction partielle (introduction et première partie du tome I) éditée pour la première fois en France en 1964.

Le salut par le travail

L'Éthique protestante se compose de deux chapitres dont le premier, intitulé « Le problème », débute par un exposé des résultats d'une étude empirique menée par un élève de Weber, M. Offenbacher, qui montrait la surreprésentation des protestants dans la classe entreprenariale et technicienne du Land de Bade. Recoupé avec d'autres statistiques comparables, ce constat amène l'auteur à postuler l'existence d'une influence des « particularités mentales que conditionne l'atmosphère religieuse [...] sur le choix des occupations et, par là même, la carrière professionnelle », influence qui se traduit ici par « une disposition toute spéciale pour le rationalisme économique ». L'hypothèse d'une mentalité protestante, et plus précisément calviniste, impose la recherche de ses éléments particuliers et traits spécifiques, que ne saurait satisfaire une simple explication externe par l'opposition entre la joie de vivre et le matérialisme de ses représentants d'une part, l'ascétisme et le détachement des catholiques d'autre part.

L'impératif d'abandonner le « domaine des représentations vagues et générales » conduit ensuite Weber à construire, en s'appuyant sur les sermons de Benjamin Franklin, un idéal type de l'esprit du capitalisme qui fait de la poursuite de son intérêt pécuniaire une obligation morale entrant dans le code de conduite quotidien de l'honnête homme. Vécu simplement comme le sentiment d'avoir accompli son devoir professionnel, l'éthos du capitaliste dont le portrait anti-hédoniste et utilitariste nous est dressé par la suite, dépasse largement le simple attrait du gain et la satisfaction prosaïque des biens de ce monde. Il répond en fait, pour être moralement acceptable et repousser le traditionalisme et la routinisation des conduites, à des conditions d'émergence religieuses qui auront finalement pour résultat, à côté du vaste processus historique de rationalisation de l'ensemble des activités humaines, de transformer positivement l'activité de profit en profession, prise au sens honorable de vocation[Beruf]. Cristallisant l'idée nouvelle que « le devoir s'accomplit[...]

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Écrit par

  • : docteur en sociologie, D.E.A. de philosophie, maître de conférences à l'université de Paris V-Sorbonne

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